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"Je fais la..." : la stratégie de Marie Portolano face aux porcs sexistes

Publié le Mercredi 27 Mars 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Je fais la..." : la stratégie de Marie Portolano face aux porcs sexistes
Marie Portolano - Soirée de lancement du Sidaction 2022 à la salle Wagram à Paris le 7 mars 2022. © Coadic Guirec/Bestimage
11 photos
Remarques et gestes "déplacés" sont légion dans le milieu de la télévision, épingle aujourd'hui Marie Portolano, dans son livre "Je suis la femme du plateau". L'occasion de passer au crible bien des anecdotes malaisantes.
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"Vraiment ?". On se rappelle totalement de cette interrogation bien rhétorique de Michel Drucker sur le plateau de "Quelle époque !" quand la journaliste Marie Portolano s'est permise d'épingler en douceur le sexisme vécu dans le journalisme sportif des années et des années durant. Et oui Michel, le sexisme existe, même à la télé.

Preuve en est, le livre-témoignage que sort aujourd'hui la même Marie Portolano, journaliste bien connue des spectateurs de Canal + et Télématin : Je suis la femme du plateau. Dans cet opus au titre éloquent, celle-ci ne se prive pas de dénoncer les violences sexistes dans le milieu de la télévision et des médias. C'est ce sujet encore qu'est venue mettre en lumière Marie Portolano du côté de France Télé d'ailleurs.

Sur le plateau, la journaliste a mentionné une réflexion qu'un "patron" a pu lui faire lors d'un déjeuner pro : "J'aime bien faire l'amour sur un parking". Réflexion passionnante décochée par un collègue masculin et qui a plongé Marie Portolano dans une profonde introspection... Matinée d'angoisse.

Elle raconte.

"On a mis en place une stratégie !"

Cette remarque bien déplacée déployée lors d'un déjeuner pro, Marie Portolano l'envisage aujourd'hui comme une situation parmi bien (trop) d'autres : "Nous les femmes, on a mis en place une stratégie : la stratégie d'évitement. Qui consiste par exemple à rire, un rire gêné naturellement, quand on a très bien compris une insinuation, mais qu'on essaie de passer à côté". Pour la journaliste, cela ne se limite pas à son expérience perso, c'est tout simplement banal.

"Cette stratégie d'évitement permet aussi de ne pas avoir à mettre une claque à la personne qui vous embauche ! Mais c'est vraiment difficile. Car quand on me dit ça, je fais la conne exprès, je ris. Mais je me dis quand même : Comment je vais faire pour revenir travailler ? Quelle attitude je dois privilégier ?"

Ce qu'explique Marie Portolano lors de ce témoignage, c'est que bien souvent ses collègues ne comprennent pas l'inconvenance de tels propos. Et ce malgré l'insistance du rire gêné bien appuyé. Cette banalisation se ressent lorsque qu'elle peine à faire entendre l'étendue de ce sexisme systématique.

A Michel Drucker la questionnant ("Marie. Vous avez vraiment souffert avec les mecs des sports ? Ils ont vraiment eu des attitudes inconvenantes ?"), Marie Portolano avait ainsi décoché sur le plateau de "Quelle époque" : "Il y en a eu beaucoup quand même. [d'attitudes inconvenantes] Je ne suis pas la seule à le dire. On est 18 à témoigner dans le documentaire que j'ai préparé. J'aurais pu chercher le témoignage d'autres consoeurs".

CQFD.