Près de la moitié des élèves de CE1 et CE2 jouent à des jeux d'asphyxie à l'école

Publié le Mercredi 02 Décembre 2015
Marie Chaumière
Par Marie Chaumière Journaliste
Enfants dans une cour de récréation
Enfants dans une cour de récréation
D'après une étude parue dans une revue de pédiatrie, 40% des élèves de CE1 et de CE2 jouent à des jeux consistant à arrêter sa respiration ou à s'étrangler pendant la récréation, et ce alors qu'ils sont conscients la plupart du temps du danger que représente cette pratique. Un constat préoccupant.
À lire aussi

Pour la première fois, une enquête consacrée aux jeux auxquels s'adonnent les enfants dans la cour d'école a été rendue publique. Parue en ligne le 28 novembre 2015 dans la revue Archives de pédiatrie, cette dernière révèle que 40% des élèves pratiquent des jeux dits de non-oxygénation pendant la récréation, et 13% le font chaque jour.

Parmi ces jeux, les plus répandus sont le "jeu de la tomate" qui consiste à retenir sa respiration le plus longtemps possible, et le "jeu du foulard", où l'enfant se fait étrangler au moyen d'une écharpe par un camarade.

Dans le détail, 26% chez les élèves de CE1 et CE2 jouent à ces jeux contre 5% à 10% chez les adolescents. Près de la moitié de ceux qui y jouent (48%) savent qu'ils peuvent en mourir, contre 76% des enfants qui n'y jouent pas. La majorité des enfants joue à ces jeux dans la cour de récréation, révèle enfin cette enquête.

Cette étude montre que "les JNO (jeux de non-oxygénation, ndr) sont courants en CE1 et CE2, qu'elles débutent tôt, dès l'école maternelle, avec une fréquence élevée comparée à celle connue chez les collégiens ou les lycéens". Si cette enquête a été réalisée auprès de 25 établissements de l'académie toulousaine, les auteurs recommandent, au vu de ces résultats inquiétants, de lancer une étude similaire à l'échelle nationale afin d'affiner les résultats et de pouvoir mettre en place des campagnes de prévention auprès des jeunes enfants au sujet des risques.

Selon les auteurs de l'étude, "la maturation mentale et une meilleure intégration des risques associés pourraient expliquer une diminution du pourcentage des joueurs parmi les élèves de CE2 comparés à ceux de CE1. La représentation de la mort est acquise progressivement durant l'enfance et pourrait être encore perçue par les jeunes enfants de CE1 comme un phénomène réversible et peu probable à leurs yeux." Ce qui signifie qu'il serait plus simple d'expliquer à un enfant de 8 ans les risques de handicap et de séquelles liés au fait de priver, même brièvement, le cerveau d'oxygène en s'adonnant à ces jeux.

Selon l'Apeas, (Association de parents d'enfants accidentés par strangulation), dix enfants meurent en moyenne chaque année du jeu du foulard, et certains gardent des séquelles à vie, notamment après un coma.