La Cour suprême américaine révoque le droit à l'avortement : le cauchemar devient réalité

Publié le Vendredi 24 Juin 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
La Cour suprême des Etats-Unis, à majorité républicaine, vient de révoquer l'arrêt Roe v. Wade historique qui garantissait le droit à l'avortement aux Américaines. Ce, bien que 85 % des citoyen·nes soutiennent l'IVG légale. Un jour particulièrement sombre.
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"Nous estimons que Roe et Casey doivent être annulés", a affirmé Samuel Allito en ce jour sombre. "La Constitution ne fait aucune référence à l'avortement, et aucun droit de ce type n'est implicitement protégé par une quelconque disposition constitutionnelle".

Ce vendredi 24 juin, les 6 juges conservateurs de la Cour suprême, menés par le Républicain Samuel Alito, ont renversé un arrêt historique, celui de Roe v. Wade. Désormais, chaque Etat américain pourra être libre d'interdire l'avortement. Sur 51, au moins 26 devraient le faire "immédiatement ou dès que possible", précise le Guardian, principalement dans le sud et le centre-ouest du pays.

A la suite de la décision de la Cour suprême, l'Etat du Missouri est d'ailleurs devenu le premier à interdire complètement l'avortement, comme l'a annoncé son ministre de la justice, Eric Schmitt.

Une décision "extrêmement rare" et presque "sans précédent", d'après Mary Ziegler, professeure invitée de droit constitutionnel à la Harvard Law School, professeure à l'Université de Californie, Davis School of Law et historienne de l'avortement. "Il est également extraordinaire de faire quelque chose comme cela si rapidement, sans aucun préavis", ajoute-t-elle au média britannique.

Et surtout tragique pour de nombreuses femmes.

Des interdictions qui toucheront de plein fouet les plus précaires

Cette révocation, bien que terrible, ne relève toutefois malheureusement pas de la surprise. En mai dernier, une fuite de documents révélée par le site Politico l'avait déjà annoncée.

Lorsqu'elles seront appliquées, ces interdictions pourraient entraîner 60 000 naissances supplémentaires par an chez les femmes qui souhaitent avorter mais ne peuvent pas le faire. Elles toucheraient également 41 % des femmes en âge de procréer aux États-Unis et frapperaient le plus durement les jeunes, les pauvres, les femmes noires et de couleur, et les personnes ayant déjà des enfants. Une catastrophe sanitaire et sociale dont les répercussions pourraient aller au-delà du sujet de l'IVG.

Des restrictions plus importantes dans d'autres domaines de la vie privée, avec des ramifications pour le mariage gay, le sexe et peut-être même le contrôle des naissances, seraient à craindre. 85 % des Américain·es sont favorables à l'avortement légal dans certaines circonstances. Parallèlement, ce jeudi 23 juin, la plus haute instance juridique du pays a consacré le droit des Américain·es à sortir armé·es. La preuve que l'argument "pro life" est à géométrie variable.