Faut-il être papa d'une petite fille pour être moins sexiste ?

Publié le Mardi 18 Décembre 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Faut-il être papa d'une petite fille pour être moins sexiste ?
Faut-il être papa d'une petite fille pour être moins sexiste ?
Selon une récente étude anglaise, les pères de petites filles en âge d'aller à l'école sont plus sensibles à l'égalité femmes-hommes. Un pas encourageant vers l'évolution des mentalités.
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"Le travail d'un mari est de gagner de l'argent" et "le travail d'une femme consiste à s'occuper du foyer et de la famille". Si le caractère sexiste de ces affirmations ont de quoi choquer, 33% des hommes trouvent encore cela naturel, selon une étude de la London School of Economics menée sur 11 405 Anglais·es entre 1991 et 2012, dévoilée vendredi 14 décembre.

Toutefois, 37% des 5073 hommes sondés ont déclaré que ce n'était pas normal. Les auteurs et autrices de l'étude ont noté que c'est principalement les pères de petites filles en âge d'être scolarisées qui se sont déclarés favorables à l'égalité femmes-hommes.

Les hommes qui se montrent moins sexistes reconnaissent être conscients des problèmes d'égalité des sexes dans la société, au contact de leur fille, notamment lorsque celle-ci entre à l'école.

En effet, le schéma traditionnel de l'homme qui travaille et de la mère qui s'occupe du foyer disparaît de l'esprit des papas d'environ 8% lorsque leur fille entre à l'école primaire et de 11% lorsqu'elle entre dans le secondaire.

"Grâce à leur rôle de parent, les pères de filles peuvent mieux comprendre les désavantages auxquels sont confrontées les femmes et les filles dans la société, ce qui entraîne un changement important dans leurs attitudes à l'égard des rôles de chaque genre", expliquent les chercheurs et les chercheuses.

Évolution des mentalités

Les chercheur·euses ont également sondé 6 332 femmes afin de déterminer si la naissance d'une petite fille au sein du foyer modifiait leur perception des rôles des parents dans la société. Sans surprise, et contrairement aux hommes interrogés, le sondage n'a pas révélé un changement flagrant chez les femmes sondées.

"Les mères, elles, avaient déjà des attitudes moins traditionnelles ce qui peut être dû au fait qu'elles ont été exposées à de telles situations", analysent les autrices et auteurs de l'étude. Comme le souligne l'enquête, ces observations confirment l'idée, déjà démontrée dans une étude américaine de 2011, que le fait d'avoir une fille affecte différemment les hommes et les femmes.

"Nous montrons que l'effet sur l'attitude des pères se produit lorsque les filles atteignent l'âge scolaire, ce qui est une nouvelle donnée", soulignent les auteurs et autrices de l'enquête qui rappellent que la notion d'identité de genre est présente dès l'entrée à l'école primaire.

Ces résultats s'avèrent toutefois encourageants, puisqu'ils démontrent une évolution des mentalités en faveur de l'égalité des sexes liée au contact d'une tierce personne, et dans ce cas précis, de ses propres enfants. "Cela laisse penser que l'exposition indirecte à un désavantage a le potentiel de changer les attitudes des gens," concluent les chercheur·euses.