Emmanuelle est un film féministe. © Pathé
Cela fait deux ans qu'on vous l'annonce ! Ca y est, c'est plus que concret désormais : la réalisatrice Audrey Diwan ("L'Evénement", transposition choc du roman d'Annie Ernaux) s'est associée à la scénariste Rebecca Zlotowski ("Une fille facile") afin de nous proposer une toute nouvelle version d'un classique de la littérature érotique : "Emmanuelle", bien évidemment. Avec dans le rôle-titre, non pas Léa Seydoux, comme cela était prévu initialement, mais la toute aussi talentueuse Noémie Merlant.
En ce début juillet, vient enfin d'être mis en ligne le teaser de cette ambitieuse production Pathé, légendaire maison au coeur de l'actualité ce mois-ci avec le blockbuster de l'été, le "Monte Cristo" version Pierre Niney, qui vient de dépasser le million d'entrées en pleine Fête du cinéma. Si l'on hésite guère à se convaincre du choix pertinent de la binôme d'Adèle Haenel (voir et revoir "Portrait de la jeune fille en feu") dans le rôle-titre, l'enjeu est quand même de taille : adapter une fiction scandaleuse, le "Emmanuelle" d'Emmanuelle Arsan, publié en 1967, récit des aventures sexuelles d'une jeune expatriée à Bangkok avec plusieurs hommes et femmes... et l'actualiser aux enjeux de la révolution #MeToo.
Challenge auquel semble répondre cette bande annonce...
Alors, que vaut donc cet "Emmanuelle" nouveau ?
Et bien, les images qui émanent de cette bande annonce témoignent d'un parti pris à la fois intime et politique. Car s'il y a quelque chose que ce film érotique prend à bras le corps, c'est un concept fort, celui de "female gaze". Cette idée largement explorée par la critique cinéma Iris Brey désigne la manière dont un film va nous immerger avec justesse au sein des émois féminins en adoptant le point de vue d'une protagoniste, loin du simple désir de celui qui généralement l'orchestre : le cinéaste, un homme généralement. On pense en terme de "female gaze" à des films comme ceux de Jane Campion ou de Céline Sciamma, mais aussi aux oeuvres de la scénariste et cinéaste Rebecca Zlotowski, ici à l'écriture.
Car c'est certain, s'il y a bien un mot qui définit ce teaser, c'est celui de "désir" ! Et de désir féminin naturellement. Intégralement nocturne, cette bande annonce nous plonge dans le monde intérieur très onirique, empli de fantasmes et de non dits, de l'héroïne. Le désir est questionné au gré de toutes les répliques et les personnages à l'unisson viennent l'incarner, pour mieux l'interroger. Les scènes très éparses et brèves qui nous sont dévoilées dans ces premières images viennent caresser cet enjeu d'une manière à la fois pudique et plus osée. On se demande comment Audrey Diwan va mettre en scène la sexualité sans sombrer dans les écueils du genre ! Peut-on être cul sans être cucul ?
On imagine aussi que la réalisatrice a du faire appel à une coordinatrice d'intimité pour les scènes les plus audacieuses... Qui ne devraient pas manquer, quand l'on constate l'investissement de Noémie Merlant - notamment - dont l'on connaît déjà la propension à déployer des partitions intenses. Et si on se donnait rendez vous en salles le 25 septembre pour témoigner de la réussite de ce pari ?
