Une bande dessinée du Projet Crocodiles dénonce les violences obstétricales

Publié le Mercredi 12 Décembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Le blog projet Crocodiles s'attaque aux violences gynécologiques
Le blog projet Crocodiles s'attaque aux violences gynécologiques
Les deux illustrateurs du Projet Crocodiles, Juliette Boutant et Thomas Mathieu, s'attaquent aux violences obstetricales et gynécologiques dans une BD qui se place du point de vue d'une patiente.
À lire aussi

On connaissait déjà le blog Projet Crocodiles pour ses dessins féroces qui dénoncent depuis 2013 les violences sexuelles et sexistes et notamment le harcèlement de rue. Mais aujourd'hui, le projet animé par les Belges Juliette Boutant et Thomas Mathieu s'attaque aux violences obstétricales et gynécologiques.

Pour réaliser ces planches, le duo a travaillé en collaboration avec le groupe "Paye ton gyneco". Ce site, qui se décline en blog et sur une page Facebook, recueille les témoignages de femmes qui se disent victimes de violences gynécologiques et obstétricales.

Cette bande dessinée est un moyen comme un autre de sensibiliser le public sur ces violences. Et ces illustrations permettent de pointer du doigt les dysfonctionnements du point de vue des patient·es.

La nouvelle BD du Projet Crocodiles reprend des faits qui sont souvent rapportés quand il s'agit de violences lors des accouchements : négation de la douleur, personnel débordé, épisiotomie sans explications ni consentement, suture sans anesthésie.

Et le tout doit se passer sans broncher, parce que le bébé est en bonne santé alors tout va bien. Et bien non. De plus en plus de femmes osent parler de ces violences que l'on taisaient de génération en génération. Et le Projet Crocodile souhaite contribuer à briser le tabou.

"Exactement ce que j'ai vécu"

Cette bande dessinée est pour de nombreuses femmes l'occasion de s'ouvrir par rapport aux violences dont elles ont fait l'objet. Comme ces internautes qui répondent au Projet Crocodiles sur les réseaux sociaux.

Par exemple, Cathy Cat raconte sous la publication Facebook de Projet Crocodile avoir vécu le même calvaire que la patiente dont le témoignage a servi à nourrir la BD : "Exactement ce que j'ai vécu... tellement triste de voir que c'est visiblement 'courant' mais heureuse que la parole des femmes soit enfin libérée et entendue !"

Une autre témoigne de son accouchement dont elle est ressortie traumatisée : "Ça me rappelle mon premier accouchement, une catastrophe. mon fils et moi avons mis des années à nous en remettre. Car oui il y a un impact sur le bébé."

Les réactions se font également sur le réseau social Twitter.


A la fin de la planche, la parole est donnée à des professionnel·les. Chacun tente de défendre les confrères et les consoeurs.

Quand le gynéco se justifie sur l'anesthésie : "Si je n'ai pas mis d'anesthésie locale pour recoudre, c'est pour éviter les risques cardiaques", un autre répond : "À mon avis, c'est surtout que c'est plus rapide sans anesthésie locale. À 4h du matin, les équipes sont fatiguées, les accouchements sont parfois expédiés".

Dans les réactions à la bande dessinée, certaines femmes disent carrément que ce genre de témoignages les dissuadent d'avoir des enfants. D'autres aimeraient que le milieu médical soit plus à l'écoute. Tout simplement.