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"Oui, il faut parler !" : Isild le Besco accuse Benoît Jacquot de violences

Publié le Jeudi 22 Février 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Isild Le Besco - Photocall du film "Les ponts de Sarajevo" lors du 67ème Festival International du Film de Cannes, le 22 mai 2014.  Call for "Les ponts de Sarajevo" at the 67th Cannes Film Festival. Cannes, France, on May 22nd 2014.
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Après Judith Godrèche, c'est l'actrice et réalisatrice Isild le Besco qui libère la parole. Elle accuse le cinéaste Benoît Jacquot de violences psychologiques et physiques.
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Judith Godrèche a porté plainte contre le cinéaste Benoît Jacquot pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité". Elle a témoigné dans les médias de violences physiques, sexuelles, psychologiques, sur plusieurs années. Et a déclaré : "La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom. Il s'appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien".

Quels noms ? Une réponse s'énonce, aujourd'hui.

Effectivement, c'est dans les colonnes du Parisien une autre jeune actrice bien connue du cinéma de Benoît Jacquot qui s'est exprimée : Isild le Besco. La soeur de Maiwenn le Besco, également réalisatrice de plusieurs films, accuse le cinéaste de violences physiques et psychologiques. Isild le Besco est un visage singulier et très marquant du cinéma français, apparu dans Sade (2000) puis hantant des oeuvres singulières et très souvent intenses : Roberto Succo, Backstage, Mon roi...

Dans les pages du "Parisien", l'actrice et réalisatrice s'exprime enfin. Même si le chemin a parcourir n'est pas évident. Elle évoque notamment une relation d'emprise, entamée alors qu'elle n'avait que 16 ans et le cinéaste... 52.

"C'est aussi une question de consentement !"

Isild le Besco se dit victime d'une "relation d'emprise destructrice" et aborde des violences psychologiques et physiques difficiles à mettre en mots : "Parce que j'ai fait un black-out. Parce que c'est compliqué de rayer toute une personne et tout ce qu'on a vécu avec cette personne. Parce qu'on a tellement honte qu'on se sent responsable du comportement des autres", explique-t-elle. Une sensation bien connue de celles et ceux qui ont déjà pu "expérimenter" un phénomène d'emprise : déni, dépendance, manipulations...

"Oui, il faut parler. Oui, il faut dénoncer. Mais il faut aussi respecter le rythme des victimes. C'est aussi une question de consentement. Plus on parle, plus les violences seront vécues et perçues comme telles, plus les abus seront dénoncés et pourront cesser. Le milieu du cinéma s'est comporté comme se comporte une famille quand l'un de ses membres est maltraité : en se taisant"

Comme le relate le Huff Post, Isild le Besco envisage aujourd'hui de porter plainte. "Ce n'est pas normal qu'il faille un scandale médiatique pour être écoutée par la police et par les tribunaux". La presse voit dans cette libération de la parole collective le signe d'une révolution.

"En portant plainte contre Benoit Jacquot et Jacques Doillon, Judith Godrèche a exposé l'envers d'un mythe sacralisé par le cinéma d'auteur : la muse et le pygmalion. Une mécanique de domination facilitée par l'aveuglement et la complaisance de certains producteurs, agents et critiques", avait notamment observé Télérama. Isild le Besco semble suivre ses pas.

Dans le long témoignage partagé au Monde, Judith Godrèche avait détaillé les abus dont elle accuse Benoît Jacquot, comme ce jour, où, alors qu'elle n'avait que quatorze ans, le cinéaste avait pris sa main et l'avaiy "posée sur son sexe" avant de l'emmener chez lui : "Je suis très pudique et je l'ai toujours été. C'est bizarre de faire ça avec un adulte. Son corps et son sexe sont ceux d'un adulte. Tout est fait comme un adulte. Je n'ai aucun souvenir d'être embrassée. C'est comme s'il n'y avait aucune tendresse"

Benoît Jacquot l'aurait également soumis à "jeux sexuels" : "Chez lui, il me dit d'enlever mon pull, qu'on va faire un jeu sexuel. Je dois me mettre sur l'escalier, dos à lui et fermer les yeux. Il prend sa ceinture, se met à me fouetter. Je le laisse faire un coup, deux coups, mais je ne peux pas ".