Social TV : près d'un ado sur deux parle de télé sur Facebook

Publié le Mardi 02 Juillet 2013
Social TV : près d'un ado sur deux parle de télé sur Facebook
Social TV : près d'un ado sur deux parle de télé sur Facebook
Pour les digital natives de 15 à 17 ans, parler télé tout en étant connecté est presque un automatisme : 45% chattent sur Facebook, un sur dix commente les programmes, plutôt en live, sur Twitter. L'observatoire Orange-Terrafemina scrute les pratiques des internautes français en matière de Social TV : un intérêt prononcé et des outils à améliorer. L'analyse des résultats de notre étude avec Fabienne Fourquet, directrice des nouveaux contenus de Canal +.
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Terrafemina : Selon notre sondage, 37% des internautes français commentent occasionnellement des programmes TV sur Internet. Ce chiffre vous paraît-il important ?

Fabienne Fourquet : En effet je trouve que cette proportion est importante par rapport à l’ordre de grandeur classique sur les opérations digitales participatives. D’habitude, on utilise la règle 1/10/90. C’est-à-dire qu’on considère qu’en matière d’usage digital, 1% des internautes contribuent en effectuant des actions concrètes, comme uploader une vidéo sur YouTube par exemple, 10% des utilisateurs commentent, et 90% sont en consultation passive.

Tf : Ce sont principalement les jeunes qui sont concernés par la Social TV à l’heure actuelle : 45% des 15-17 ans et 35% des 18-24 ans ont des discussions sur les programmes TV sur Facebook

F. F. : Oui c’est une tendance qui va encore progresser chez les digital natives. Ces générations nées au moment du bouleversement de l’offre digitale, avec l’apparition des petites caméras, des appareils photos intégrés et des portables, ont déjà intégré que chaque téléspectateur peut devenir un producteur et un diffuseur potentiel, ils ont pris l’habitude d’être engagés et de créer. Le réflexe social TV est un automatisme pour les moins de 25 ans, mais pas pour les plus de 30 ans !

Tf : Face à Facebook, les sites et applications de social TV mis en place par les chaînes ou les producteurs n’ont pas vraiment trouvé leur public. Seuls 13% des adeptes de social TV consultent ces sites dédiés, et 5% ont téléchargé une appli smartphone de social TV. Comment l’expliquer ?

F. F. : Je pense que c’est un problème d’offre qu’il faut savoir faire correspondre aux attentes des passionnés. Ce que nous observons c’est qu’il est nécessaire de faire une bonne promotion des dispositifs de second écran à l’antenne, ce que nous appelons un cross-chanel efficace. Ensuite la multiplication des applications et des sites empêche encore l’internaute de s’y retrouver. Par exemple aux États-Unis, pour le Super Bowl, pas moins de 15 applications de second écran ont été créées par les marques, les chaînes ou les équipes sportives. Cet éclatement des contenus et des contenants rend l’offre illisible. Par conséquent les utilisateurs préfèrent souvent se tourner vers des plates-formes qui agrègent du contenu varié et multi-format.

Tf : On sait en effet que 74%** des téléspectateurs disposent d’un second écran (tablette, smartphone, ordinateur portable) lorsqu’ils regardent la télévision. Comment Canal + cherche à se déployer et à capter l’audience de ce deuxième média ?

F. F. : Sur nos sites l’audience est en forte croissance, Canal+.fr rassemble entre 6 et 7 millions de visiteurs uniques par mois, ce qui en fait le deuxième site média TV après TF1. Nous avons développé un écosystème social et digital important en partant du principe que nos téléspectateurs s’intéressent davantage à des programmes en tant que marques qu’à la chaîne en elle-même et qu’ils préfèrent suivre des comptes incarnés sur les réseaux sociaux. Les entrées de nos sites et applications se font donc plutôt par programme ou par animateur. Sur Facebook, le Canal Football Club a un million de fans, tandis que l’application Canal Football App a été téléchargée 800 000 fois et rassemble entre 50 000 et 100 000 utilisateurs par week-end. Je pense que c’est un cas type d’outil de social TV réussi. Elle propose des contenus exclusifs, comme des replay inédits des actions importantes, permettant de visualiser ces actions selon les angles des 20 caméras disposées sur le terrain. On observe que l’audience se concentre non seulement en simultané avec les matchs, mais aussi 5 minutes après une action importante pour avoir accès à ces images.

Tf : Les programmes vont-ils se transformer pour devenir des outils à part entière de social TV ?

F. F. : Non, pas en ce qui nous concerne. Nous utilisons l’engagement sur les réseaux sociaux comme une voix de retour sur nos programmes, mais nous ne cherchons pas pour le moment à concevoir de nouveaux formats pour la social TV. La valeur éditoriale passe avant, et si le mode participatif peut ou doit s’insérer, si c’est pertinent, cela s’impose comme un segment supplémentaire.

Tf : À votre avis la social TV nous promet-elle une télé « lol » ou augmentée ?

F. F. : Je pense que la social TV est une télé augmentée car elle permet au spectateur de participer et de s’impliquer dans ce qu’il regarde. Néanmoins il ne faut pas en faire systématiquement un produit transmédia, au risque de s’éparpiller. La social TV doit aller vers une création de valeur, et permettre de mettre en avant les expertises plutôt qu’un brouhaha vide de sens. La social TV doit nous inciter à continuer à faire de la bonne télévision.

Découvrez notre infographie « La social TV vue par les internautes »


Voir tous les résultats de l’observatoire Orange-Terrafemina sur la social TV


*D’après une enquête CSA réalisée dans le cadre de l’Observatoire Orange-Terrafemina. Sondage effectué en ligne du 11 au 13 juin 2013 auprès de 1059 internautes français âgés de 15 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle après stratification géographique par région de résidence. 
**source : NPA Conseil – CSA, baromètre de la télévision connectée, avril-mai 2012.


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