Fab Lab : les ateliers de création de demain

Publié le Mardi 22 Novembre 2011
Fab Lab : les ateliers de création de demain
Fab Lab : les ateliers de création de demain
Issu de la contraction de « Fabrication Laboratory », le concept de Fab Lab révolutionne peu à peu la fabrication numérique. Bricoleurs du dimanche, étudiants chercheurs, designers, architectes : ils sont de plus en plus nombreux à venir tester leurs idées dans ces laboratoires collaboratifs. Visite guidée.
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Un atelier. 100 mètres carrés couverts de fraiseuses, défonceuses à bois, imprimantes 3D, découpes vinyles… Et autour une armada de bricoleurs amateurs ou professionnels qui s’affairent sur les objets de demain. Bienvenue dans un Fab Lab ! « Le Fab Lab est un concept qui a été défini en 2004 par Neil Gershenfeld. Ce professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) s’était rendu compte que ses étudiants venaient utiliser le soir les machines dont ils se servaient pendant les cours, afin de mener à bien des projets personnels. L’idée lui est alors venue d’ouvrir des laboratoires destinés au grand public », explique Fabien Eychenne, chef de projet à la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération). Le concept fait alors des émules et s’exporte dans le monde entier : Norvège, Kenya, Ghana… et la France. L’idée est celle d’un atelier ouvert à tous dans lequel on retrouve des machines à commandes numériques, qui permettent de prototyper « tout et n’importe quoi ». Le MIT développe alors une charte permettant l’ouverture partout dans le monde de Fab Lab : en adhérant à ses valeurs, les Fab Lab s’engagent à respecter l’idée de partage des savoirs, de machines en libre-service et surtout de réseau entre les Fab Lab afin de partager les expériences et avancées de chacun. « L’idée est qu’un objet produit à Boston grâce à un Fab Lab pourra être répliqué à Paris ou Amsterdam grâce aux échanges de données entre les deux structures », précise Fabien Eychenne.

Du loisir au prototype industriel

Le concept s’implante peu à peu en France, avec de plus en plus de projets qui voient le jour, comme Artilect, à Toulouse. « J’ai créé l’association Artilect il y a 2 ans et demi et nous sommes devenus un Fab Lab il y a 1 an avec la labellisation MIT », raconte Nicolas Lassabe, directeur du Fab Lab. « A Toulouse il n’y avait pas de lieu pour fabriquer des objets et rencontrer des gens aux compétences diverses ». Alors l’étudiant en informatique décide avec un ami de créer ce lieu. « Nous nous sommes peu à peu développés, et nous sommes fait répertorier dans le réseau des Fab Lab MIT ». Désormais Artilect réunit étudiants, architectes, designers, électroniciens, artistes, qui souhaitent utiliser ces machines en libre-service afin de tester leurs idées. « Nous voyons également des particuliers qui viennent pour des projets personnels ou leur loisir ainsi que des sociétés qui veulent réaliser un prototype fonctionnel pour ensuite pouvoir démarrer une activité », décrypte Nicolas Lassabe. Fabien Eychenne souligne par ailleurs que les profils des « Fab Labeurs » dépendent beaucoup des lieux : « chaque Fab Lab a pris une couleur en fonction du Fab manager qui porte la structure », explique-t-il.  Ainsi l’atelier collaboratif de Barcelone est plus tourné vers l’architecture, celui de Manchester vers les entreprises, PME et PMI pour l’aide à l’innovation, ou encore les Fab Lab américains souvent axés vers les étudiants car généralement portés par des facultés et universités. « Dans tous ces lieux, les utilisateurs peuvent aussi bien venir pour des petites réalisations, comme le bricoleur qui vient se créer un meuble adapté à ses besoins, qu’un projet d’envergure. A Barcelone, une maison entière a été réalisée dans un Fab Lab ! », note fabien Eychenne.

@Artilect/Fab Lab Toulouse

Un tremplin pour les créateurs d’entreprise
Pour Gaëtan Severac, ingénieur, Artilect a été l’occasion de réaliser son projet professionnel. « Avec mes associés, nous avions l’idée de développer de nouveaux outils pour l’agriculture raisonnée, dans le cadre d’AMAP. Nous voulions réduire le coût et la taille des outils pour le désherbage », explique-t-il. « Nous nous sommes alors tournés vers Artilect pour trouver l’expertise dont nous manquions et créer une première maquette ». Gaëtan Severac développe une première maquette puis une seconde, à partir de matériaux de récupération majoritairement. « Cela nous a permis de dégrossir le projet à moindre frais et d’asseoir la faisabilité du projet, en effectuant les premiers tests et en bénéficiant de conseils précieux d’experts sur place ». Pour l’ingénieur, le Fab Lab a avant tout été l’outil indispensable pour conforter son projet très en amont de la création de son entreprise.

Un business model à consolider

Quant au financement des Fab Lab, chaque lieu cherche son équilibre en fonction de ses spécialisations. « Il y a un vrai questionnement sur le modèle économique à appliquer, rappelle Fabien Eychenne. Comment garder ce lieu gratuit et assurer sa pérennité ? ». Trois solutions sont appliquées pour le moment. D’abord la formation et l’accompagnement de projets. Ensuite, l’appel à des subventions publiques. « Nous avons touché environ 8000 euros de subventions de la mairie et pouvons embaucher notre premier salarié grâce au fonds européen », confirme Nicolas Lassabe, d’Artilect. Autre alternative observée avec attention par les Fab Labeurs : faire appel à des financements privés, en se rapprochant d’entreprises partenaires. « Nous avons été contactés par des groupes industriels séduits par l’approche, confie Nicolas Lassabe. Ils sont particulièrement intéressés par la rapidité des réalisations, le regroupement sur un même lieu de compétences et univers divers et d’étudiants pluridisciplinaires ». Reste désormais à trouver la bonne forme de collaboration. « Nous y allons progressivement ». L’idée étant pour les entreprises de trouver dans ces Fab Lab de véritables laboratoires de tendances, leur permettant de décrypter les objets et dénicher les talents de demain. Ainsi l’entreprise Ford à Détroit aux Etats-Unis a cofinancé l'ouverture d’un « tech shop », une forme de Fab Lab plus développée. « Ils créent ainsi un territoire d’expérimentation pour les créateurs. Ces derniers peuvent ne pas avoir l’envie ou les moyens de  développer leurs idées au-delà du stade du prototype. C'est alors que Ford peut prendre le relais », explique Fabien Eychenne. Et de continuer : «les enjeux sont nombreux et formidables, le premier d’entre eux étant que les Fab Lab abaissent les barrières à l’innovation ».


@Artilect/Fab Lab Toulouse Découpe Laser

Le site d'Artilect Fab Lab Toulouse

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