PMA : les lesbiennes françaises condamnées à faire des "bébés Thalys" ?

Publié le Jeudi 10 Janvier 2013
PMA : les lesbiennes françaises condamnées à faire des "bébés Thalys" ?
PMA : les lesbiennes françaises condamnées à faire des "bébés Thalys" ?
Les lesbiennes plébiscitent la Belgique pour concevoir un enfant depuis quelques années. Victimes de leur succès, les cliniques et hôpitaux belges ont imposé des restrictions. Et les praticiens se demandent pourquoi la PMA provoque un tel débat en France alors que les « bébés Thalys » et les familles homoparentales sont une réalité déjà établie dans l'Hexagone.
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Alors que l’amendement sur la PMA promis par les députés socialistes dans la loi sur le mariage pour tous vient d’être abandonné, la Belgique représente toujours un eldorado pour les couples de femmes français désirant un bébé. Leur nombre augmente d’ailleurs sans cesse selon des estimations : actuellement, plus de 2000 enfants français sont conçus chaque année en Belgique grâce à l’insémination artificielle avec donneur (IAD). Et 80% des parents qui viennent de France sont des lesbiennes. Le professeur Michel Dubois, chef du service de PMA à l’hôpital universitaire de Liège dans le sud-est du pays cité par l'AFP, confirme cette tendance : « Les Françaises représentent 80% des 833 patientes que nous avons traitées l'an dernier pour l'IAD. Plus de huit sur dix sont des lesbiennes. »

« Forte hausse des demandes »

Ces « bébés Thalys » surnommés ainsi en raison du nom du TGV qui relie Paris à Bruxelles, sont apparus en 2007 quand la loi belge a approuvé le 6 juillet la PMA accessible pour toutes les femmes « indépendamment de l'état civil et de l'orientation sexuelle ». Depuis cette date, le succès est évident : « Nous avons constaté une forte hausse des demandes ces trois dernières années. L'information circule davantage en France, les patientes font passer le message », confie Michel Dubois, malgré un prix relativement élevé puisque les allers-retours, chaque consultation ainsi que tous les actes médicaux effectués sont payants. Les spécialistes belges ont même du imposer des restrictions pour ne pas pénaliser les patients belges. 

Anne Delbaere, chef de la clinique de fertilité d’Erasme, l’hôpital universitaire à Bruxelles, avoue avoir réduit le nombre de patientes étrangères, principalement des Françaises, à une centaine par an : « C'est une décision que nous avons été contraints de prendre à cause du déficit de pailles de sperme de donneurs disponibles et de la forte hausse des demandes qui n'étaient pas liées à un problème d'infertilité ». Elle ajoute qu'elle ne comprend pas pourquoi la question de la PMA provoque un si vif débat en France : « Il me semble qu'il y a une absence de reconnaissance d'une réalité qui existe depuis longtemps. Ces enfants, ces familles sont là, qu'on le veuille ou non. Pourquoi continuer à le nier ? »

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