"Panne", déclin sexuel : comprendre la fragilité des hommes

Publié le Vendredi 20 Septembre 2013
"Panne", déclin sexuel : comprendre la fragilité des hommes
"Panne", déclin sexuel : comprendre la fragilité des hommes
Cette semaine, notre experte sexo Sophie Bramly s'attaque aux idées reçues sur le désir masculin et féminin. Avec à la clé, quelques conseils pour gérer la « panne » et pour faire durer le plaisir toute la vie.
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Si les hommes passent tant de temps à mettre en valeur les qualités de leur virilité et la puissance qu'elle induit, c'est peut-être pour mieux maquiller la double fragilité dont la nature les a affublés : des organes sexuels externes (et fragiles, s'agissant des testicules) et une érection dépendante de leurs émotions et de leur âge. Cette fragilité n'est pas toujours bien vécue par les femmes, pourtant c'est en adoptant la bonne attitude que le mal (mâle?) se soigne.

Selon une étude du Kinsey Institute, le pic sexuel des hommes se situerait entre 20 et 25 ans, alors que chez les femmes il est plus long et plus tardif (entre 31 et 40 ans et continue jusqu'à tard dans sa vie) et c'est principalement le « déclin » masculin, et non la perte d'intérêt chez les femmes, qui fait que celles âgées de soixante ans et plus obtiennent 30% de leurs orgasmes en dehors du rapport marital.

Or ce « déclin » masculin est bien probablement plus psychologique que physiologique, car il n'y a en réalité pas plus d'âge limite à la sexualité chez l'homme que chez la femme. Si les rapports peuvent s'espacer après un certain âge, c'est plus souvent parce qu'il pense que vieillissant il n'a plus la même fougue, au lieu de faire fi des idées préconçues ou statistiques. Selon Stéphanie Sanders, directrice de recherche au Kinsey Institute, « La fréquence ou la capacité à fonctionner sexuellement connaît un déclin mineur lorsque les seniors éprouvent les changements physiologiques normaux qui accompagnent le vieillissement, et la plupart des hommes et des femmes entre 50 et 80 ans sont toujours enthousiastes à propos de la sexualité et de l'intimité partagée ». Le docteur Bortz, professeur à l'université de Stanford et spécialiste des questions gériatriques utilise des formules plus radicales : « use or lose it » (Utilisez-le ou perdez-le), pour lui ce qui compte avant tout c'est l'intérêt. « Si vous êtes toujours intéressé, avec une vie saine loin de toute médication, avec un partenaire avec lequel vous vous entendez bien, votre sexualité peut perdurer tout au long de votre vie. Il y a des données fortes partout : c'est une question de survie. Les gens qui ont des rapports sexuels vivent plus longtemps. Les gens qui vivent en couple vivent plus longtemps. Les gens ont besoin des gens. Plus le rapport est intime, plus les effets sont puissants ».

Une autre étude, issue de l'université de Duke, aux États-Unis, précise que 20% des personnes de 65 ans et plus qui maintiennent active leur sexualité ont même des rapports encore plus satisfaisants que par le passé.

Cependant, beaucoup d'hommes – et quel que soit leur âge - sont fragilisés par les injonctions permanentes à la performance dans tous les domaines, et vacillent à l'idée de ne plus avoir les mêmes érections aussi fermes que par le passé, or plus ils redoutent et se focalisent sur le potentiel accident, plus il risque d'arriver.

Les femmes – ne sachant pas toujours comment réagir en cas de panne – ne sont pas nécessairement les meilleures alliées. Dans le pire des cas, elles s'imaginent que la panne est due à ce qu'elles seraient devenues moins désirables (à chacun ses fragilités), et prenant la chose personnellement elles s'offusquent et lancent au partenaire des phrases assassines. Dans la plupart des cas, fort heureusement, elles réconfortent avec des mots doux. Mais pour le sexologue et andrologue Sylvain Mimoun, il convient dans l'idéal, que la femme se concentre sur son plaisir à elle : soit en se masturbant, soit en guidant les doigts ou la bouche de l'amant vers son sexe. Ainsi, il est détourné de son problème par l'attraction qu'il a à voir le plaisir de la femme et, dans la plupart des cas, l'excitation prend le dessus sur l'inquiétude et l'érection revient.

Ainsi, avec ou sans pénétration du phallus, le plaisir de la femme est constant, et le rapport sexuel riche de pratiques diversifiées. Ou comment ce qui ressemblait à un événement funeste devient au contraire une opportunité prometteuse pour les deux partenaires...