Arrêter de râler sur ses enfants et son conjoint : c'est possible (ou pas) ?

Publié le Lundi 04 Avril 2016
Adèle Bréau
Par Adèle Bréau Ex-directrice de Terrafemina
Ex-directrice de Terrafemina, je suis aussi auteure chez J.-C. Lattès, twitta frénétique, télévore, bouquinophile et mère happy mais souvent en galère.
Pas un jour (une heure ? une minute ?) ne se passe sans que vous geigniez, gueuliez, souffliez, marmonniez des reproches à votre tendre foyer. C'est mal, toxique pour eux et mauvais pour vous. Pourtant, vous peinez à trouver une solution. On vous aide (et on s'y met avec vous, parce que nous aussi).
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"Viiiiiite ! On va être en retard. Non mais c'est pas VRAI ! Tu n'as pas encore tes chaussettes ? Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu... CONSTRUIS UN GARAGE ?!! Et toi, ton cartable !! LE PETIT DEJ il va se ranger tout seul ? Il est où votre père ? Ah, il boit son café ! Evidemment, c'est toujours moi qui fais tout dans cette mais... 8h26 !!!! DEPECHEZ-VOUUUUUUUUS !"

Cette scène vous rappelle quelque chose ? Nous râlons tous, à échelle différente, sur les innocents (quoique) individus qui partagent notre foyer, dont ils hantent les recoins avec une totale et insupportable indifférence à tout désordre ou saleté apparente. Pourtant, force est de constater que, malgré vos hurlements, vos supplications, vos plaintes, vos soufflements naseaux bruyants et ostentatoires, rien n'y fait. Vous continuez de râler, seule, alors que rien ne s'arrange, voire que votre tintamarre fiche une mauvaise ambiance dans la maisonnée, avec des pics les matins, le soir à votre retour du bureau et, bien sûr, le week-end lorsque, tous ensemble, vous vous serrez les coudes pour foutre le bordel en un temps record.

Prendre la décision de ne plus subir son quotidien

Quel espoir vous reste-t-il ? Attendre qu'ils aient quitté le nid, passent Noël dans leur belle-famille et ne daignent plus venir vous exaspérer qu'un dimanche par mois pour venir caler leurs pieds sous la table immaculée de votre appartement vide et froid ? Soyons sérieux. Ces moments en famille que vous avez tant souhaités, il va vous falloir les solutionner afin d'en profiter avant qu'ils ne s'envolent, si vite, et que vous ne regrettiez tout à fait de les avoir gâchés pour ce que vous considérerez, alors, comme des broutilles. En bref, il est grand temps de prendre la décision de ne plus subir votre quotidien en ne rêvant que de l'instant où les enfants seront couchés et le dîner rangé. Ca n'est pas ça, la vie. En tout cas pas celle dont vous aviez rêvé, n'est-ce pas ?


"Je me suis rendue compte que, ce qui me mine le plus, c'est tous ces moments où je râle : faire les choses en bougonnant, se plaindre des enfants, chigner, râler, constamment leur demander de se "dépêcher" en soupirant... Cela me pollue la vie." Ce témoignage est tiré de J'arrête de râler sur mes enfants (et mon conjoint), de Christine Lewicki et Florence Leroy, deux auteurs qui proposent de se débarrasser de cette mauvaise habitude en 21 jours. On a tenté de tester pour vous, et ne sommes pour le moment pas parvenues à dépasser les quelques heures (ok, minutes), raison pour laquelle nous vous proposons de relever le défi ensemble (parce qu'on est plus fortes). Bonjour, je m'appelle Machine et je suis rârolique. Bonjour, Machine.

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21 jours sans râler : trucs et astuces

- Le bracelet : vous ne le quitterez plus. Prenez un élastique, ou un bijou un peu plus swag que vous pourrez toutefois switcher facilement. Attachez-le à votre poignet, avec la ferme résolution de ne point râler. Hop, le défi commence. Tictac... Vous craquez ? Changez le bracelet de poignet, et remettez les compteurs à zéro. Cette tactique vous permettra, déjà, de vous rendre compte de votre degré de râlitude.
- A noter que râler dans sa tête ou se plaindre de ses enfants et/ou de leur géniteur auprès d'un tiers "compte". Oui, même pas WhatsApp. Hop, compteurs à zéro, tricheuse.
- Ca monte ? On respire, on ferme les yeux, on attend que ça passe, comme une envie de cigarette.
- Ca monte ? On part aux toilettes faire pipi, même si on n'a pas envie (l'équivalent de notre "coin", qui nous permet de faire le point, relativiser et revenir comme neuve, pleine d'amuuur et de bienveillance).
- Quand on commence à être un peu détoxée, on se hisse d'un cran en prenant l'habitude de parler de ce qui va bien. Pas très marrant mais planant.
- Identifiez les zones rouges : routine matinale, coucher des enfants, conduite, logistique des courses, préparation des repas, ménage, rangement (grrrr), manière dont les enfants s'adressent à vous / se comportent entre eux, qualité des moments en famille / en couple... Ils ne changeront pas d'eux-mêmes. Tel un chef d'entreprise enthousiaste, prenez un stylo et étudiez les changements à y aménager.
- Apprenez à lâcher prise sur certains principes totalement surréalistes. Car rappelez-vous, "faire le ménage quand on a des enfants, c'est comme se brosser les dents en mangeant du Nutella". Confucius.
- Changez votre discours. Remplacez le "Tu..." ("... ne range JAMAIS ta chambre j'en ai MEUUUARRRE !") par le "Je..." ("... ai l'impression que tout le travail que je fournis pour la famille n'est pas reconnu, et cela me blesse.")
- N'oubliez jamais de complimenter. Ne devenez pas cette harpie dont vous n'aimeriez pas croiser le reflet dans le miroir (sale) de l'entrée. Laissez un peu de place à la poésie. Oui, vous voulez savoir s'il s'est brossé les dents, a bien bossé à l'école, fait ses devoirs... mais ce qui le fait vibrer, rêver, flipper, c'est important aussi, non ?

Deux-trois trucs pratico-canons

Bon, déjà, achetez quelques élastiques parce que, sachez-le, ce défi n'est pas des plus faciles mais vous y arriverez (et nous aussi pardi !). Ne recyclez pas vos rainbow looms, c'est trop petit, enfin.

Vous pouvez aussi...


- Ecrire des petites notes humoristiques près des lieux stratégiques qui vous font quotidiennement perdre quelques années de vie. Par exemple, sur le panier à linge, scotchez : "Coucou, slip. Ne reste pas par terre, viens donc t'amuse avec nous !"
- Aménager l'espace à destination des personnes de petite taille de votre maisonnée (des portemanteaux à leur hauteur, leur vaisselle dans un placard accessible, pour qu'ils puissent mettre la table...)
- Mettre une chouette musique dans la pièce tactique. Telles des mouches, les habitants devraient rappliquer en bougeant joyeusement leurs boules et, sans s'en rendre compte, mettre la main à la pâte.
- Faire l'acquisition de grosses boîtes type Casto, chacune floquée au nom d'un membre de la famille, dans lesquelles vous pourrez jeter en vrac tout ce qui lui appartient. Déjà, vous n'aurez plus à subir le sempiternel "Tapavu ?" (auquel vous répondrez sans réfléchir : "BOÎTE"). Et puis, chacun pourra ensuite rerépartir son petit bordel aux endroits dédiés le moment voulu.

Voilà. Vous êtes prête ? Nous, oui. Ensemble, sevrons-nous de cette habitude qui pollue notre vie. Demandons à nos familles de nous soutenir, sans pour autant leur imposer d'en faire autant. Toute prise de décision doit venir de soi. Nous aurons des hauts et des bas, mais testons la vie sans ronchonnerie. La grognerie, c'est tabou, on en viendra toutes à bout !
Hashtag #Stoprâlerie

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