Moins de 1% des pères prennent leur congé parental (et c'est affligeant)

Publié le Vendredi 09 Avril 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
En France, les pères ont toujours autant de mal avec le congé parental.
En France, les pères ont toujours autant de mal avec le congé parental.
Moins de 1% des pères prendraient un congé parental à temps plein, ou même partiel, après la naissance de leur enfant. C'est ce chiffre accablant que révèle une nouvelle étude publiée le 7 avril dernier. Mais pourquoi tant de réserves ? Explications.
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Alors que l'allongement du congé paternité demeure un long combat dans l'Hexagone depuis des années déjà, la popularité du congé parental du côté des pères de famille reste quant à elle encore à démontrer. Une nouvelle étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques, menée par les chercheurs Hélène Périvier et Grégory Verdugo, nous apprend effectivement que moins de 1% (seulement !) des pères prendraient un congé parental à temps plein suite à la naissance de leur enfant. Pas de quoi se réjouir.

Plus précisément, ils seraient aujourd'hui 0,8% à opter pour ledit congé. Et les mères ? Elles seraient 14 % en moyenne. Pas besoin d'être fortiche en mathématiques pour déceler la violence de l'inégalité. D'autant plus que du côté du congé parental à temps partiel, ce n'est pas vraiment mieux. Seuls 0,9% des pères s'y accorderaient, nous révèle encore l'étude chiffrée de l'OFCE. Triste, alors que le gouvernement prévoyait en 2015 d'élever ce taux global à 25%, comme le rappelle le Huffington Post. On en est loin.

Mais passés les chiffres, comment expliquer ces faibles taux ? C'est simple.

Comment l'expliquer ?

L'enquête de l'Observatoire français des conjonctures économiques déploie effectivement un bouquet de réponses. Parmi elles, la plus concrète : l'indemnisation proposée tout au long de congé parental à temps plein serait beaucoup trop faible aux yeux des principaux concernés. Elle correspond effectivement à un montant de 399 euros par mois, somme invariable, qu'importe la rémunération effective dudit père de famille.

Mais s'immiscent également des réponses plus sociologiques. L'OFCE rappelle effectivement que même les salariés travaillant à temps partiel rejettent en majorité ce congé à temps plein, situation qui outrepasse donc le simple argument de la compensation financière. Non, c'est aussi du côté des stéréotypes de genre et autres injonctions qu'il faut chercher des pistes de réflexion. Ou plus précisément à travers ce que les auteurs de l'étude intitulent "l'effet genré du congé parental", nous dit-on.

Effet genré indéniable, quand la majorité des pères prennent exemple sur leurs collègues masculins, qui n'y ont pas recours, ou bien s'appuient sur les assertions bien sexistes, type "le congé parental est une affaire de femmes" (et ce sous couvert du fameux "instinct maternel"), déplore encore la chercheuse Hélène Périvier. Il faut dire que certains clichés ont la dent dure. Une situation critique donc, mais loin d'être fatale.

L'enquête de l'OFCE propose effectivement de nombreuses solutions face à ce bilan, allant d'une campagne gouvernementale de sensibilisation des principaux concernés plus appuyée à une meilleure indemnisation calculée en proportion du salaire. A cela, il faudrait encore espérer de plus nettes mesures du côté de l'allongement du congé paternité. Surtout au vu de pays modèles, comme la Finlande, qui l'a étendue à 9 semaines.

Rappelons qu'à partir du 1er juillet 2021, la durée du congé paternité devrait doubler en France : elle passera de 14 à 28 jours, et ce, après de nombreux débats qui ont bousculé l'Assemblée nationale. Cet allongement est un enjeu capital qui, pourtant, échappe à bien des voix conservatrices par chez nous, pour ne pas dire réactionnaires. Notamment du côté de sénateurs et sénatrices voyant là une éventuelle "mise en difficulté des entreprises".

Certaines voix politiques fustigent également une potentielle forme de discrimination pour les jeunes pères, proposant de limiter l'allongement dudit congé paternité aux salariés en CDI ou CDD minimum de six mois. Preuve en est que la "glamourisation" du congé pour les pères, ce n'est pas vraiment pour demain.