Femmes voilées au Parlement turc : une première depuis 14 ans© iStockphoto
C’est une première en Turquie. Jamais depuis 1999, une parlementaire ne s’était couvert la tête au Parlement turc. La dernière, Merve Kavakci, élue du Parti de la vertu islamique, un des prédécesseurs de l'AKP (Parti de la justice et du développement, issu de la mouvance islamiste), s’était vue expulsée de la salle sous les huées des députées. Mais alors que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan vient d’abolir l'interdiction de porter le foulard islamique dans la fonction publique, quatre députées de l’AKP se sont présentées voilées jeudi au Parlement turc. Nurcan Dalbudak, Sevde Beyazit Kacar, Gulay Samanci et Gonul Bekin Sahkulubey viennent, en effet, d’accomplir le pèlerinage à la Mecque, -l'un des piliers de l'islam- et ont décidé de porter le foulard pour la première fois de leur vie.
« Nous ignorons quelle sera la réaction, mais nous allons entrer au Parlement avec notre voile islamique et continuerons notre travail. Nous allons assister au début d'une ère importante, et nous jouerons un rôle moteur, nous serons des porte-drapeaux, c'est très important », avait ainsi annoncé l’une d’entre elles quelques heures plus tôt, Nurcan Dalbudak, élue comme ses consœurs lors des élections législatives de 2011 sur les listes du Premier ministre. Ce dernier a d’ailleurs pris leur défense au Parlement en demandant aux députés de respecter le geste de leurs collègues : « Il n'y a aucun règlement au Parlement qui l'interdise et chacun doit respecter la décision de nos sœurs sur ce sujet ».
Mais en Turquie, pays musulman mais laïque, la question du voile cristallise les tensions. Pour certains il est une insulte à la République quand d’autres invoquent les libertés publiques. Le Parti républicain s’est d’ailleurs d’ores et déjà opposé à cette initiative. « Tous nos membres sont d'accord pour dire qu'il s'agit d'une exploitation de la religion par l'AKP. Nous ne resterons jamais silencieux face à des actes visant à éliminer le principe de la laïcité » a ainsi expliqué, la députée CHP Dilek Akagün Yilmaz.
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