"Plus Belle La Vie" s'attaque à la GPA et choque les militantes féministes

Publié le Jeudi 25 Juillet 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Rebecca Hampton interprète Céline dans "Plus belle la vie". Getty Images.
Rebecca Hampton interprète Céline dans "Plus belle la vie". Getty Images.
Des militantes féministes s'indignent de la place qu'accorde "Plus belle la vie" à la GPA. Et souhaitent le faire savoir à la production de la célèbre série. Le mot d'ordre ? "Non à la marchandisation du corps des femmes".
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Cela faisait longtemps que Céline souhaitait avoir un enfant. Après avoir subi deux fausses couches, elle décide d'avoir recours à la GPA : la gestation pour autrui. Elle fait donc appel à une mère porteuse et, puisque la GPA est interdite en France, fait croire à sa grossesse en portant un faux ventre. Cette histoire, c'est l'une des dernières péripéties majeures de la série à succès Plus belle la vie diffusée sur France 3. De la fiction, bien sûr. Mais qui, en jouant avec une thématique sensible et d'actualité, pourrait bien (trop) s'éloigner de la réalité.

C'est tout du moins l'opinion de la Coalition Internationale pour l'Abolition de la Maternité de Substitution. Cette organisation militante souhaite l'abolition de la GPA et craint une représentation trop "idyllique" d'un tel sujet à la télévision. Soutenue par le collectif Osez le féminisme, elle adresse aujourd'hui à la production du programme une lettre de sensibilisation très critique. Un discours porté par une angoisse : celle de voir la plus fameuse série du Mistral faire sans nuance la promotion d'un "système d'exploitation et d'instrumentalisation du corps des femmes et des enfants".

"Les femmes ne sont pas à vendre !"

"Si la GPA porte atteinte à l'intégrité et à la dignité des personnes en France, en Italie, en Allemagne, en Espagne, elle porte atteinte à la dignité de toutes les personnes qui sont amenées à la pratiquer, ailleurs dans le monde", affirme d'emblée la coalition.

Dans sa lettre, l'organisation prévient la production de la série du "système organisé" au sein duquel s'intègre cette pratique sociale, impliquant laboratoires et agences, médecins et avocats. "Des entreprises de reproduction humaine", cingle la coalition, qui font des femmes des "moyens de production" et une "ressource pour l'industrie", conférant à la grossesse et à l'accouchement "une valeur marchande" et réduisant l'enfant à un simple "produit avec valeur d'échange".

Pour la Coalition, il s'agit bien de là de parler de la "globalisation des marchés du corps humain". Une forme de "tourisme reproductif" qui priverait les femmes des lois et de leurs droits en obligeant certaines d'entre elles à s'engager "dans un contrat qui aliène leur santé, leur vie et leur personne, sous des pressions multiples : rapports de domination familiaux, sexistes, économiques, géopolitiques". Et le collectif Osez le féminisme d'ajouter sur Twitter : "Non, les femmes ne sont pas à vendre !". Vous l'aurez compris, le traitement qu'en fera Plus belle la vie est attendu au tournant.

Il faut dire que cette série nous a tout fait voir. Un baiser entre deux personnages homosexuels - en 2005, déjà. Un mariage gay. Et des sujets "casse-gueules" comme l'IVG, l'euthanasie, la transidentité. Parfois ça passe et parfois, c'est le gros désastre. Difficile à ce titre d'oublier cette scène de viol conjugal et son traitement désastreux par le community manager de la série.

Mais Rebecca Hampton, elle non plus, ne prend pas les choses à la légère. Interviewée par Télé Loisirs, l'interprète de Céline dans PBLV l'avoue : si elle se positionne en faveur de la GPA, son implication dans la série l'a incitée à se poser beaucoup de questions. "Le ventre n'est-il qu'un nid pour l'enfant ou lui permet-il de créer des liens avec la mère ? Est-ce facile de porter un enfant et de le donner ensuite ?", se demande-t-elle. L'exigence des scénaristes, à écouter la comédienne, est avant tout de cerner "toute la complexité du problème". De quoi rassurer les militantes féministes ?

La Coalition Internationale ne peut que l'espérer, précisant dans cette lettre son envie de voir traitée ce sujet "avec justesse", et surtout sans verser "dans la promotion bien-pensante de ce système d'exploitation mondialisé". Pour ce qui est de la "justesse", Wait and see, comme le disent les sérievores.