




Sur les réseaux sociaux, les femmes millenials ouvrent les yeux sur la culture odieuse et grossophobe qui a affecté leurs rapports à la nourriture et à leurs corps. Sur TikTok, l'utilisatrice @fightitwithlucie écrit : "Moi, née dans les années 90, me demandant pourquoi mon poids me préoccupe autant", avant d'afficher plusieurs scènes de séries et de films cultes des années 90-2000 glorifiant la minceur. Pensez au régime perpétuel de Regina dans Mean Girls, à la honte que subit Andrea parce qu'elle mange des glucides dans Le diable s'habille en Prada, à l'histoire de la perte de poids d'Hannah dans Pretty Little Liars, au traquage du poids de Bridget Jones dans Le journal de Bridget Jones.
Ces incarnent la culture de la restriction et du régime qui a marqué les années 2000, une culture qui a profondément affecté toute une génération de femmes. "Je pense que j'ai intériorisé le fait qu'il était normal pour une femme de suivre un régime, de vouloir être mince. Nous sommes tellement exposées à ça, encore et encore, que je ne pense pas que c'est une coïncidence si autant de femmes se battent contre leurs poids et la nourriture", poursuit Lucie sur TikTok. Certains pourraient rétorquer que ces scènes sont volontairement exagérées et ne doivent pas être prises trop au sérieux. Cependant, il ne faut pas en minimiser l'influence de la pop culture sur nos imaginaires, et ses conséquences.
Selon une enquête de la Mental Health Foundation, 25 % des femmes adultes déclarent ressentir de la "honte" face à leur image corporelle, contre 15 % des hommes. L'étude révèle également que 26 % des femmes se disent "dégoûtées" par leur corps contre 12 % des hommes. La prévalence mondiale des troubles alimentaires est passée de 3,5 % à 7,8 % entre 2000 et 2018.
Outre la célébration de la minceur, la télévision et le cinéma ont influencé ce cycle par le biais de récits et d'intrigues qui reposent sur le fait que le personnage "gros" (du moins, perçu comme "gros") est malheureux, seul ou isolé en raison de son poids. Bridget Jones attribue son célibat à son poids, tout comme d'autres attribuent cette étiquette à Natalie dans Love Actually (2003). Andrea, dans Le diable s'habille en Prada (2006), est tenue en marge du monde chic et cool de Runway jusqu'à ce qu'elle se relooke, annonçant fièrement qu'elle a perdu une taille de robe.
Une autre vidéo, partagée par @thediaryofrihanna, réagit à une scène de la sitcom Full House, qui a duré de 1987 à 1995. Dans celle-ci, Rebecca Donaldson, interprétée par Lori Loughlin, apprend à sa camarade Candace Cameron Bure, qui incarne D.J. Tanner, comment maintenir son poids en modifiant son régime alimentaire. En légende, la créatrice de contenu note : "Les jeunes filles millenials n'avaient aucune chance".
Les médias ne sont pas en reste. De l'examen du poids de Kate Winslet dans Titanic à la grossophobie envers Britney Spears, la presse des années 2000 nous a inondé d'une perspective déformée et de messages toxiques. Alors que cette culture du régime et de la maigreur extrême opère un retour inquiétant ces derniers temps, avec le hashtag #Skinnytok, il est bon de voir que des plateformes telles que TikTok et Instagram offrent également aux femmes un espace pour partager leurs histoires et remettre en question des idéaux dépassés.