Noémie Merlant est impressionnante dans cette histoire de triangle amoureux sulfureuse : Les Olympiades. Le film le moins connu de Jacques Audiard, à découvrir sur Arte gratuitement.
Sur Arte.fr vous pouvez (re)voir cette oeuvre très générationnelle. Polyamour, plans cul, amis de sexe, confusion des sentiments, sexualité fluide, actes entre femmes et entre hommes, tout respire ici l'ère applis de rencontre et affects déconstruits.
Actrices exceptionnelles comme Lucie Zhang et Noémie Merlant constituent la DA de ce récit polyphonique où quelques trentenaires s'énamourent et jouissent en duo, trio en quatuor, séparément ou ensemble. Jacques Audiard est le metteur en scène de ce film mais c'est surtout à la plume de sa scénariste qu'il doit tout : Céline Sciamma.
Oui, la Céline Sciamma de Portrait de la jeune fille en feu, la cinéaste qui a saisi comme personne Adèle Haenel, la réalisatrice lesbienne la plus connue de France, l'une des meilleures cinéastes de l'Hexagone. Elle écrit ce film qui fait résonner des corps filmés aux mots posés un vaste écho, celui d'un féminisme incarné.
Céline Sciamma n'a jamais filmé frontalement le sexe, quand bien même elle a saisi la sensualité. Surtout celle des femmes qui aiment les femmes.
Mais dans Les Olympiades, au gré des images charnelles, l'enjeu est bel et bien présent : mettre en scène la fièvre des corps et des intimités. Première le décrit de cette façon dans sa dithyrambique chronique : "cette fresque sentimentale" saisit la réalité d'une société qui invente un nouveau rapport au genre et au sexe, et l'on ne peut qu'être ému "de ce récit écrit à six mains par Audiard avec Céline Sciamma et Léa Mysius (Ava), ces mots d'amour qui peinent à être prononcés, ces corps qui jouissent le temps de quelques minutes mais incapables de finir la nuit dans le même lit, par peur de trop s'attacher et d'en payer le prix le plus tard".
"C’est cru, drôle et culotté. Audiard renouvelle avec malice le regard cinématographique sur Paris. Le tout dans un beau noir et blanc qui donne à ce chassé-croisé amoureux un petit air de Nouvelle Vague", analyse à l'unisson Arte au fil de ses éloges.
On ne peut mieux dire. D'autant plus que le sexe, incarné, assumé, représente le coeur des luttes féministes de ces dernières années, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Plaisir féminin, quête de l'orgasme, combat intime et politique pour le droit à disposer librement de son corps, représentation des genres égalitaire et émancipé des rapports de force virilistes, pour ne citer que cela. On vous recommande cette séance.
"Les Olympiades prend le pouls de son époque avec une énergie mordante, grâce à un magnifique quatuor de jeunes acteurs : autour de la troublante Noémie Merlant, Lucie Zhang, Makita Samba (nommé aux César du meilleur espoir masculin) et Jehnny Beth incarnent des personnages plus vrais que nature, jusque dans leurs imperfections – égocentrisme, candeur ou vanité"