Des scènes de sexe sulfureuses et très osées pour célébrer les femmes qui désirent et qui sont désirées, dans un écrin de velours féministe. C'est l'un des grands topos de Monia Chokri, resplendissante réalisatrice et actrice, et de son Simple comme Sylvain, à retrouver gratuitement en ligne, comme nous vous le détaillons dans cet article.
"Quand une prof de philo rencontre un ouvrier... Monia Chokri orchestre une comédie glaçante sur le tourisme de classe.". Par ces mots, Arte, chaîne qui sur son site permet de retrouver quantité de chef d'oeuvres et d'ovnis oubliés dans la plus belle gratuité, vous pitche cette hybridité filmique signée Monia Chokri : rom com et drame, chronique sensuelle et satire. Entre l'essai de sociologie et l'amour sulfureux qui réchauffe en ces soirées hivernales trop glaciales. Oubliez tous vos labeurs actuels et laissez-vous happer par le charme insolent de cette femme jubilatoire.
Réalisatrice qui ose mettre à nu ses pensées d'artiste et ses comédiens, le temps de scènes de sexe et de nudité audacieuses. Très loin d'être gratos qui plus est. Oui, dans Simple comme Sylvain, on fait l'amour, entre corps à corps frontaux et séance à moitié BDSM. Le plaisir féminin y est filmé avec une authenticité toute female gaze. Engagées, ces séquences crues et cul, sans jamais renier leur potentiel charnel.
Choses qui semblent triviales mais regorgent d'importance pour Monia Chokri. Qui explique tout ce qu'il y a à savoir sur le sexe, dans son cinéma.
Monia Chokri aime la sensualité et l'amour, le dérèglement de tous les sens et les corps qui exultent. Mots qui pour elle ont un sens profondément féministe.
"Les scènes d’intimité physique et sexuelle sont particulièrement justes et lumineuses. Certainement parce qu’elles ne se départissent jamais de la psychologie de ses personnages, et notamment celle du personnage féminin que nous suivons, c'est à dire de Sophia", observe avec éloquence Vogue dans son analyse de Simple comme Sylvain.
“Il fallait qu’elles fassent avancer la dramaturgie. Je les ai donc imaginées comme des dialogues et non pas comme des scènes de sexe.”, annonce en retour Monia Chokri dans cette interview qui en dit long sur la façon dont les réalisatrices reprennent possession des scènes dites "de fesse" longtemps résolues à n'exprimer qu'un point de vue patriarcal. “Surtout, je voulais la présenter comme un être désirant et non pas seulement désiré."
Surtout, quand elle dépeint le plaisir de sa protagoniste, ses rapports sexuels multiples, sa propension à tenter tout ce qui aboutit à sa satisfaction intime sans se soucier du regard d'autrui, sa liberté de femme moderne, Monia Chokri offre à son public un manifeste intime et militant. Récompensé à juste titre du César du meilleur film étranger.
Dans cette interview de Vogue toujours, elle persiste et signe.
“Les hommes, on les connait déjà. On a déjà eu accès à leur intimité. Ils ont raconté le monde à travers les époques, ils ont dominé la littérature, et toute forme d’art. Je trouve ça fou qu’il ait fallu attendre tant d’années pour donner la parole aux femmes. C’est pour ça que je m’étonne toujours lorsqu’on me dit que mon cinéma est novateur. Je ne révolutionne pourtant rien, je raconte simplement des histoires dans lesquelles les femmes peuvent se reconnaître.”