






"Real Women Have Curves !"
C'est le nom d'une pièce de théâtre, d'un film (titré Ana chez nous, America Ferrara y fait des étincelles, et ses débuts à l'écran) et désormais d'une comédie musicale. Cela fait 30 ans que ce que l'on pourrait traduire par "Les vraies femmes ont des courbes" suscite popularité publique et reconnaissance critique. Et ce en racontant la destinée d'une jeune femme latina devant jongler entre les exigences de sa mère immigrée (concevoir des centaines de robes !) et ses ambitions personnelles - voler de ses propres ailes.
"Les vraies femmes ont des courbes", un titre singulier, délicatement body positive, qui se voit désormais porté... A Broadway, place to be des musical, où cette histoire très sororale, mettant en avant de immigrées mexicaines, magnifie notamment une comédienne bien connue outre atlantique, Justina Machado (Six Feet Under)... Qui revêt sur scène les oripeaux de la mère forte en voix.
Un succès critique, public et féministe ? C'est ce que défend la criitque.
"C'est une véritable lettre d'amour aux femmes du monde entier", se réjouit carrément Entertainement Weekly.
S'enthousiasmant ainsi dans sa review d'une séquence qui fait écho à bien des luttes féministes actuelles : "La scène qui donne son nom au spectacle – dans laquelle Ana défie les critiques de sa mère sur son poids en se déshabillant et en repassant ses sous-vêtements – est le clou de la soirée, et m'a même valu une standing ovation à mi-spectacle lorsque j'y ai assisté, ce qui deviendra sans aucun doute une tendance"
Real Women Have Curves, comme son intitulé le laissait supposer, s'assume donc comme un manifeste body positive ou "body neutral" : une ode à la diversité des corps, n'en déplaise aux grossophobes, qui démontre au passage par cette dimension militante toute la modernité de la pièce originelle.
Un aspect qui a semble-t-il convaincu audience et critiques, notamment à l'heure où la mode, notamment, semble davantage renouer avec l'hyper maigreur, les diktats physiques impossibles, et les injonctions dignes de l'ère Kate Moss, à une époque rongée par les ravages de l'Ozempic... D'autant plus pertinent donc que l'oeuvre originelle, et surtout son adaptation avec America Ferrara, a influencé des générations entières de spectatrices accueillant joyeusement cette fiction décomplexée.
Tony et Grammy Awards ont déjà auréolé les talents des compositeurs et artistes à la barre de cette nouvelle comédie musicale qui semble donc satisfaire les experts du genre. Et s'avérer au passage très politique dans un contexte où les immigrées mexicaines sont les grandes victimes d'un racisme doublé de misogynie, outre-atlantique.