Pourquoi il faut aller à la marche #NousToutes du 23 novembre

Publié le Vendredi 22 Novembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Illustration de la Marche #NousToutes du 23 novembre 2019
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Ce 23 novembre a lieu la marche contre les violences sexistes et sexuelles organisée par le collectif Nous Toutes. Un événement essentiel à l'heure où le nombre de féminicides s'accroît terriblement. Vous aussi, venez marcher.
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Alors que 2019 s'achève, le taux de féminicides est si élevé qu'il fait froid dans le dos. Depuis le mois de janvier, plus de 135 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Et c'est pour cela qu'il faut prendre part à la marche organisée par le collectif féministe Nous Toutes ce 23 novembre. Cette mobilisation nationale et populaire a lieu partout en France - comme le dévoile cette carte détaillée. Et elle a pour but de dénoncer les violences sexistes et sexuelles qui, malgré une indignation de plus en plus relayée et "libérée" (des réseaux sociaux aux grands médias), ne font que s'exacerber dans notre pays. Et pour mieux se rendre compte de l'urgence de la situation, il suffit de connaître quelques chiffres majeurs.

Des chiffres glaçants

 

Illustration marche #NousToutes de Clémence Gouy
Illustration marche #NousToutes de Clémence Gouy

Les violences physiques et sexuelles dépassent de loin les pages faits-divers de votre journal favori. En France, 219 000 femmes déclarent en être victimes, comme le relève le site du gouvernement. Parmi elles, 8 femmes sur 10 déclarent avoir subi des violences psychologiques, et avoir fait l'objet d'agressions verbales. C'est cet ensemble (physique, psychologique, verbal), qui constitue la réalité de ces violences allant du phénomène de "l'emprise" (du conjoint et agresseur sur sa victime) aux coups portés. Bien souvent, les victimes subissent également ce que l'on appelle l'exploitation - ou emprise - financière. Une domination économique qui tend encore une fois à renforcer la dépendance toxique entre la victime et son agresseur.

En moyenne, nous apprennent encore ces chiffres, 94 000 femmes seraient victimes de viol, ou de tentatives de viol, chaque année en France. Et encore, il s'agit là "d'une estimation minimale", nous dit-on. Afin de renverser pour de bon l'éternel cliché du violeur tapi dans l'ombre, rappelons également que dans 91 % des cas, les agressions sexuelles sont perpétrées par une personne issue de l'entourage de la victime - famille ou amis. Et que, dans 47 % des cas, l'agresseur n'est autre que le conjoint ou l'ex-conjoint.

Illustration Marche #NousToutes de La Ville et les nuages
Illustration Marche #NousToutes de La Ville et les nuages

Parler de violences sexistes et sexuelles, c'est cesser de mystifier des situations qui, bien souvent, ne sont pas des histoires de "mauvaises rencontres" ou de "ruelles sombres". Ces chiffres ne viennent pas de nulle part : ils sont le résultat des moyennes calculées à partir de nombreuses enquêtes sur le sujet, menées de 2012 à 2018. C'est à tout cela que nous sensibilise la marche du 23 novembre. Et cette mobilisation est d'autant plus nécessaire qu'elle met en lumière les insuffisances de la justice. Effectivement, seulement 19 % des 219 000 femmes victimes de violences déclarent avoir porté plainte - un chiffre qui ne prend pas en compte les femmes sans domicile fixe ou vivant au sein de centres d'hébergement.

Ce pourcentage démontre que le dépôt de la plainte est loin d'être systématique. Pour les victimes, "l'étape" du commissariat n'est pas forcément synonyme d'écoute et de confiance. Idem pour les 14,5 % de femmes qui, en 2016, ont déclaré avoir déjà fait l'objet de violences sexuelles - des baisers "forcés" au viol. Il faut dire que, comme nous le relevions récemment, 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite en France. Désormais, même la ministre de la Justice ne peut nier l'évidence quant à la gravité de chiffre. Tout comme l'accueil et la protection des victimes, cette faille de la "chaîne pénale" est l'un des grands enjeux au coeur du Grenelle des violences conjugales initié par Marlène Schiappa.

Il y a deux ans de cela, 130 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, dixit le site du gouvernement. L'issue tragique de violences qui, dans 47 % des situations relevées, étaient systémiques et antérieures au drame. Alors que l'année se termine à peine, ce chiffre est déjà dépassé en 2019. Dans sa dernière newsletter, la journaliste féministe Titiou Lecoq nous dévoile l'étendue des violences et féminicides en France... comptabilisées en seulement trois semaines de "fact checking". Vertigineux.

"Tous les jours, partout sur le territoire, des femmes sont menacées, battues et tuées. C'est pour elles que nous marcherons demain samedi 23 novembre contre les violences sexistes et sexuelles", achève l'autrice. C'est dit.