Près de la moitié des grossesses dans le monde sont involontaires, alerte l'ONU

Publié le Vendredi 01 Avril 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Près de la moitié des grossesses dans le monde sont involontaires, alerte l'ONU
Près de la moitié des grossesses dans le monde sont involontaires, alerte l'ONU
D'après le Fonds des Nations unies pour la population, 50 % des grossesses dans le monde ne proviennent pas d'un choix délibéré de la part des femmes et des jeunes filles qui la vivent.
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Il s'agit d'un chiffre effrayant et d'une situation "alarmante" que déplore ce mercredi 30 mars l'UNFPA, le Fonds des Nations unies pour la population. Une "crise négligée des grossesses non intentionnelles", martèle l'instance. Chaque année, dans le monde, 50 % des femmes qui tombent enceinte ne l'ont pas voulu, soit une situation qui concerne 121 millions de grossesses.

"Rien n'est plus fondamental que la capacité de décider de concevoir ou non un enfant", rappelle l'ONU. "Mais pour beaucoup trop de personnes, ce choix susceptible de bouleverser leur existence n'en est pas véritablement un". Et d'ajouter : "Il met en lumière de profondes carences en matière de droits, de justice, d'égalité des genres, de dignité humaine et de bien-être social au sens large."

D'autant plus que cette proportion, précise le rapport, est vouée à croître avec la population. "Il sera encore plus difficile d'assurer les services de santé sexuelle et reproductive dont les personnes et les communautés ont besoin face aux profonds bouleversements engendrés par les changements climatiques, les conflits, les urgences de santé publique et les migrations massives", prévient-il.

Des facteurs dramatiques

Le constat émane d'une réalité terrible : obstacles économiques, géographiques, sanitaires, culturels, ou encore des guerres qui augmentent les risques de violences sexuelles. Par exemple, dans 64 pays, "23 % des femmes en couple en âge de procréer ne sont pas en mesure de refuser des rapports sexuels." Et "seules 57 % des femmes sont donc capables de faire valoir leurs choix à l'égard de leur santé et de leurs droits en matière de sexualité et de reproduction."

La Sierra Leone est l'un des territoire où les jeunes filles sont particulièrement concernées par ce fléau. "Les taux de grossesses adolescentes et de mortalité maternelle du pays figurent parmi les plus élevés au monde", note encore le texte. "Les violences sexuelles, omniprésentes, ciblent en grande partie les enfants et entraînent des conséquences terribles. Les jeunes filles les plus vulnérables sont susceptibles d'être agressées ou approchées par des garçons et des hommes plus âgés lorsqu'elles se risquent à sortir pour aller chercher de l'eau, vendre des marchandises ou même se rendre à l'école."

Une "urgence de santé publique"

Alors, quelles sont les solutions ? Pour l'ONU, il faut absolument rendre accessible la contraception.

"Selon les estimations mondiales, 257 millions de femmes souhaitant éviter une grossesse n'ont pas recours à des méthodes contraceptives modernes et sûres, et parmi elles, 172 millions n'utilisent aucun moyen de contraception". En cause, non pas le manque d'informations ou de moyens en eux-mêmes, mais plutôt "des préoccupations relatives aux effets secondaires, aux mythes persistants, à la stigmatisation et à l'opposition de l'entourage".

Dans plus de 60 % de ces grossesses non désirées, la femme a recours à un avortement, "qu'il soit médicalisé ou non, légal ou illégal". A savoir que 7 millions de femmes par an finissent à l'hôpital en raison d'une IVG non médicalisée. L'UNFPA conclut, alertant qu'il s'agit ni plus ni moins d'une "urgence de santé publique".