50 000. C'est le nombre de femmes et de filles tuées par un partenaire intime ou un membre de leur famille, en 2024, dans le monde. Et, sur les 83 000 femmes assassinées intentionnellement l'an dernier, 60 % ont perdu la vie dans la sphère privée, soit une toutes les dix minutes.
Le rapport conjoint d'ONU Femmes et de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, publié ce lundi 25 novembre à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, ne laisse place à aucune ambiguïté : malgré des années d'engagements pris à l'échelle mondiale, aucune amélioration significative n'est observable. Le foyer reste l'endroit le plus dangereux pour les femmes. Alors qu'elles représentent 20 % des victimes d'homicides dans le monde, 60 % d'entre elles sont tuées chez elles, contre seulement 11 % des hommes.
En France, le constat est tout aussi glaçant. Depuis le 1er janvier 2025, 152 féminicides ont déjà été recensés selon le collectif NousToutes. Un chiffre qui stagne désespérément d'année en année.
Face à ces chiffres d’une ampleur colossale, plus de 80 voix se sont unies ce lundi dans les colonnes du Monde. Avocats, experts, magistrats, députés, sénateurs et personnalités publiques exigent que toutes les formes de violences conjugales soient enfin intégrées dans le droit français.
"Tant que ces violences ne seront pas pleinement reconnues, elles continueront de prospérer dans le silence. Nommer c'est déjà agir, c'est reconnaître la réalité vécue par les victimes et poser les bases d'une justice plus protectrice", écrit Alice Bouissou, avocate en droit de la famille et signataire de la tribune.
Car au-delà des coups, d'autres formes de violences restent largement invisibles. Le collectif pointe du doigt ces violences, exercées contre une femme à travers un tiers, généralement les enfants. Ce contrôle coercitif s'installe via des humiliations et manipulations à répétition ou encore les violences administratives et économiques qui asphyxient les victimes.
Documents confisqués, comptes bancaires verrouillés, procédures judiciaires multipliées pour épuiser financièrement et moralement la victime : toutes ces situations sont trop souvent qualifiées de simples "conflits", mettant dos à dos victime et agresseur. La tribune appelle à un changement radical : renforcer la formation des acteurs judiciaires et des forces de sécurité et sensibiliser davantage la société à l'indépendance économique des femmes, pivot essentiel de la lutte contre les violences.
Le message est clair : il est temps que le droit français rattrape son retard.
Victime ou témoin de violences ? Le 3919 est un numéro d'écoute gratuit et anonyme.