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Mon enfant n'arrive pas à dormir : je fais quoi ?
Publié le 6 septembre 2016 à 17:10
Par Dorothée Louessard | Journaliste
Dorothée Louessard, journaliste spécialisée dans les sujets de société sur le site terrafemina.com
Un enfant qui refuse de dormir, ce n'est jamais anodin. Le pédopsychiatre Rafi Kojayan nous explique les différentes causes possibles et les solutions pour y remédier.
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A tout âge, un enfant est censé réussir à dormir paisiblement. Si tel n'est pas le cas, il va falloir chercher à savoir pourquoi il ne parvient pas à s'endormir pour tenter d'y remédier. Parfois, un changement d'attitude, de rituel ou une simple discussion suffisent à l'apaiser. Dans d'autres cas, l'intervention d'un spécialiste (pédiatre, médecin de famille, psychologue, pédopsychiatre) va permettre de résoudre les problèmes de sommeil de l'enfant qui peuvent être de l'ordre physique ou psychique. Le pédopsychiatre Rafi Kojayan nous éclaire sur les raisons pouvant expliquer ces troubles de l'endormissement et nous livre les clés pour que notre enfant retrouve un sommeil normal.

Terrafemina : Un bébé qui ne dort pas, est-ce normal ?

Rafi Kojayan : On a tendance à dire qu'il y a des bébés grands dormeurs et des bébés petits dormeurs, mais c'est faux. Si un bébé est petit dormeur c'est sans doute que quelque chose le gêne, l'empêche de bien dormir. On s'en aperçoit notamment en s'intéressant aux temps de repos dans la journée. Jusqu'à un an, un bébé fait en principe deux siestes dans la journée de deux heures environ chacune. Entre 1 et 5 ans, l'enfant n'en fait généralement plus qu'une l'après-midi, et elle dure entre 1h30 et deux heures.

Un petit qui se contentera de micro-siestes (entre 10 minutes et 45 minutes maximum), c'est donc signe que quelque chose ne va pas. Fréquemment, cela est dû à une cause corporelle : l'enfant peut, par exemple, être gêné par des reflux gastriques ou par un torticolis congénital (dû soit à l'accouchement soit à la position foetale dans l'utérus). Ce sont d'ailleurs des enfants qui se réveillent généralement plusieurs fois dans la nuit et, en sursaut et en pleurs plutôt qu'en babillant. Dans ce cas, une visite chez le pédiatre devrait permettre de régler rapidement le problème.

Le manque des parents peut-il en être responsable ?

R. K: Durant l'année, les enfants ont parfois un rythme un peu soutenu, ils vont à la crèche ou à l'école très tôt le matin et y restent jusqu'au retour du travail des parents. Une fois à la maison, il faut aller vite : prendre le bain, manger, se coucher et l'enfant ne jouit pas de suffisamment de temps disponible avec ses parents. Du coup, ces enfants-là peuvent repousser l'heure du coucher et de se séparer de leurs parents pour profiter d'eux davantage en luttant pour ne pas s'endormir. Les vacances apparaissent alors comme un moment privilégié pour offrir plus de temps à l'enfant et modifier cette habitude de coucher tardif. L'enfant ne souffrant pas de la frustration de longues journées éloignées de ses parents, il acceptera plus volontiers d'aller au lit.

Le reste de l'année, il faut tâcher de réorganiser les journées de sorte à ce que l'enfant ait un peu de temps pour profiter de ses parents avant d'aller au lit et qu'il accepte de s'en séparer ensuite plus facilement. Les parents devront savoir rester fermes et se tenir à ce nouveau rituel, quitte à laisser l'enfant bouder ou pleurer un peu.

Quand l'enfant dort avec les parents © Getty Images

Il n'y a pas que le manque des parents qui peut engendrer un comportement que l'on appelle "intrusif" de l'enfant. Il arrive ainsi fréquemment que, sans s'en rendre compte, les parents n'aient pas placé suffisamment de limites. Et notamment le fait qu'il y a des moments où l'on est en famille et d'autres réservés au couple et l'aider à les distinguer. De fait, l'enfant semble ne pas être en mesure de pouvoir se passer d'eux. Or, il a pourtant besoin d'expérimenter le fait que lorsque l'on est avec lui, on peut aussi passer des moments séparément, que tout va bien et qu'il est en mesure de se débrouiller tout seul, que vous allez revenir.

Pour l'aider à accepter cette idée, lui expliquer est important. Cela est valable en journée comme le soir lorsqu'il est l'heure pour lui d'aller faire dodo. Ce comportement intrusif de l'enfant peut s'étendre à tout âge. Certains schémas familiaux y sont toutefois plus propices que d'autres. Si par exemple un enfant de 6 ou 8 ans refuse de dormir ailleurs que dans la chambre parentale et que le couple bat de l'aile, l'enfant constitue peut-être inconsciemment un bon alibi à l'un des parents pour lui éviter de se retrouver en tête-à-tête avec l'autre. Chacun des membres de la famille doit donc reprendre sa place pour permettre à l'enfant de retrouver un bon équilibre.

Les peurs et les angoisses sont-ils un passage obligé ?

R.K : Il existe de nombreuses peurs susceptibles de causer des troubles du sommeil chez l'enfant. Si avant l'âge de 8 mois, les enfants ne connaissent pas le sentiment de peur, à partir de cet âge (et cela peut dès lors se ressentir à tout âge), survient la peur de la séparation, de la perte.

Vers 2 ans et demi, l'enfant peut également commencer à craindre le noir. Et ce n'est pas véritablement la peur du noir, mais la crainte de ce que l'on imagine dans le noir à savoir des monstres, des fantômes, etc. Or, pour pouvoir imaginer des choses, il faut que notre imaginaire soit en place et celui-ci survient rarement avant les deux premières années de l'enfant.

Aux alentours de 6 et 7 ans, l'enfant ne craint généralement plus les monstres. Il a compris que c'était dans les livres. Ses peurs nocturnes seront davantage axées sur la peur que des voleurs, des kidnappeurs ou même des tueurs pénètrent dans la maison ou encore la crainte qu'un incendie ne se déclenche. Des peurs qui peuvent toucher les enfants jusqu'à leur adolescence. Il s'agit d'angoisses de perte liées à la question récurrente de la mort. Ce sont d'ailleurs des prises de conscience qui surviennent avec l'âge de raison, la découverte que nous ou nos parents puissions mourir à tout moment et c'est ainsi que des scénarios viennent alimenter ces peurs-là.

Parfois, les difficultés de sommeil surviennent suite à un événement traumatique. Le problème, c'est que quand l'angoisse disparaît, le dysfonctionnement qu'elle a engendré peut subsister. L'enfant qui avait du mal à trouver le sommeil à cause du choc continue ensuite à se coucher tard par habitude. Du coup, la cause de son insomnie n'est plus la même que celle qui l'a déclenchée. Dans ce cas, un traitement homéopathique peut aider à casser un peu cette habitude de se coucher tard et l'aider à se détendre et à retrouver un bon rythme de coucher

La peur des monstres © Getty Images
Comment l'aider à désamorcer ses peurs ?

R.K. : La première chose à faire est d'essayer de comprendre pourquoi l'enfant refuse de dormir et, dès que son âge le permet, de discuter avec lui pour découvrir ce qui le tracasse. Dans un premier temps, ce qui est important c'est de donner la parole à l'enfant, de l'accompagner. On peut aussi rester un peu à ses côtés avant qu'il ne s'endorme ou lui proposer de ne partir que quand il aura trouvé le sommeil pour le sécuriser, le rassurer, le temps que le problème se dégonfle. L'important est d'instaurer ce rituel sur un délai court, un mois maximum.

Généralement, le fait que l'enfant puisse partager son émotion avec nous va lui prouver qu'il n'est pas tout seul à devoir la gérer. Par exemple, dire à un enfant qui a peur de monstres ou de loups que ces derniers n'existent pas, c'est démontrer à l'enfant que l'on ne reconnaît pas sa peur. Alors que si l'on lui dit : "Ah bon des monstres, je comprends que tu n'arrives pas à dormir et t'as peur d'autres choses ?", cela permettra de lui laisser parler de sa peur et de voir si cela ne cache pas d'autres angoisses car souvent les enfants parlent par métaphores. Ainsi, un enfant pourra désigner sa peur par "le loup", mais en creusant un peu, on découvrira qu'il y a un enfant qui l'embête à l'école. Ces discussions et ce temps passé à dialoguer avec lui de ses angoisses vont permettre de les désamorcer. Et cela fonctionne à tous les âges.

Si la présence et les discussions ne suffisent pas à régler le problème, alors effectivement il faudra demander de l'aide auprès d'un spécialiste. Il peut s'agir d'un pédiatre, ou même du médecin de famille qui va prendre le temps d'écouter ce qu'il se passe et d'aider les parents à prendre un peu de recul et peut-être à modifier leurs habitudes pour permettre à l'enfant d'avoir un meilleur équilibre. Si les troubles du sommeil persistent, on envisagera alors d'emmener son enfant consulter un psychologue ou un pédopsychiatre.

Et dans le cas des insomnies des ados ?

R.K. : A l'adolescence, ce sont des difficultés de sommeil qui se rapprochent plus de celles des adultes. Cela peut être révélateur de difficultés relationnelles ou scolaires au collège ou au lycée. Les problèmes de sommeil chez les ados peuvent aussi être le signe d'un état dépressif. Si cette phase d'insomnie perdure malgré les discussions, il est préférable d'aller consulter un psychologue ou un pédopsychiatre pour comprendre ce qu'il se passe et voir s'il n'y a pas une dépression ou une addiction derrière, d'autant que parfois, ces troubles de sommeil survenant à cette tranche d'âge peuvent être la manifestation de maladies plus graves comme des schizophrénies débutantes. Il vaut donc mieux être très prudent et aller voir un spécialiste.

Parfois, les parents viennent consulter parce qu'ils n'arrivent pas à trouver la cause du problème, à distinguer s'il s'agit d'angoisse ou d'intrusion. Or, si la première implique qu'on rassure l'enfant, la seconde nécessite d'instaurer un cadre et de s'y tenir. Aller voir quelqu'un peut alors aider les parents à trouver la source du problème et à trouver les solutions adaptées.

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