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Comment se projeter quand l'horizon est bouché par le Covid ?
Publié le 7 janvier 2022 à 15:37
Par Le HuffPost | Média
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À chaque fois qu'une accalmie se fait espérer dans l'épidémie de Covid-19, celle-ci reprend de plus belle. Comment arriver à se projeter dans ce contexte ? Comment préserver notre santé mentale ? Voici les conseils d'experts.
Comment se projeter à l'ère d'Omicron ? Comment se projeter à l'ère d'Omicron ?© Adobe Stock
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2021 devait être la bonne. Mais en fait, c'était pour 2022. Et finalement, cela tombe à l'eau une fois de plus. Qu'il s'agisse d'un projet privé ou professionnel, d'un grand voyage ou d'un événement important, tout ce qui pouvait nous tenir à coeur et officiait auparavant comme un moteur dans notre quotidien est devenu difficile à mettre en oeuvre. Les projets que nous voulons construire pour les semaines, les mois ou les années à venir semblent toujours plus incertains à mesure que l'épidémie progresse.

"Notre humanité ne tient bon que parce qu'elle peut se projeter. Elle ne peut supporter le présent qu'à condition qu'elle puisse s'inventer et imaginer un futur", rappelle auprès du HuffPost le psychologue Samuel Dock, qui cite ici le philosophe Blaise Pascal: "Notre nature est dans le mouvement, le repos entier est la mort".

"On a tous besoin de projets, d'éléments concrets à venir, d'être dans une dynamique anticipatoire", note de son côté le psychiatre et psychothérapeute Jérôme Palazzolo, que nous avons également contacté.

"Certains n'ont plus aucun projet"


Tous deux font le même constat auprès de leurs patients : ne plus pouvoir anticiper l'avenir pèse sur le moral, et de plus en plus. "On note une morosité dans le discours de patients qui ne sont pas forcément dépressifs. Je leur pose toujours cette question : arrivez-vous à anticiper des choses ? Certains n'ont plus aucun projet, ne sortent même plus de chez eux", explique Jérôme Palazzolo.

Combien de voyages annulés, de mariages reportés, d'anniversaires oubliés ? De familles qui attendent de se retrouver, de couples binationaux toujours plus éloignés ? Même ce Noël, qui s'annonçait sous de meilleurs auspices que celui de 2020, s'est retrouvé à composer avec l'arrivée fulgurante du variant Omicron, déjouant les plans de bon nombre d'entre nous.

Pour Samuel Dock, nos difficultés, voire notre incapacité à nous projeter, relèvent des contraintes de mouvement - confinements, lieux clos, frontières fermées, etc. "Le temporel n'existe que dans une spatialité. Sans espace, avec des mouvements réduits, bien sûr que notre perception de l'avenir est réduite. On existe dans un continuum temporel parce qu'on peut se mouvoir. Quand ailleurs disparaît, demain disparaît aussi", explique-t-il.

Préserver sa santé mentale © Adobe Stock
Déceptions et absence de résultats

Pourquoi prendre une carte de cinéma si l'on craint que les salles referment ? Pourquoi acheter une place de concert pour qu'il soit reporté dans trois ans? Pourquoi réserver des billets d'avion pour le Japon si les frontières n'ouvrent pas ? À force de déceptions, ou d'absence de résultats quant aux projets que l'on tente de lancer, nous cessons tout simplement d'anticiper. Ce sont les deux phénomènes auxquels Jérôme Palazzolo fait référence.

Le premier, l'impuissance apprise, est le résultat d'une suite de déceptions. "J'avais des projets pour Noël, mais ce n'est pas possible, ce sera pour l'année prochaine. Finalement, ce sera pour celle d'après, et ainsi de suite. Au bout d'un moment, on ne fait tout simplement plus de projets", indique-t-il.

Le second, le phénomène d'extinction, est la conséquence de la non-obtention de résultats. "Lorsqu'on s'investit dans quelque chose, qu'on prévoit quelque chose, on n'est jamais sûr du résultat, mais on veut atteindre les objectifs fixés. Or, si mon projet n'aboutit pas, que j'en lance un autre, qui n'aboutit pas non plus, je finis par apprendre que ce que je tente de mettre en oeuvre ne fonctionne pas", poursuit-il.

"Être dans la notion de plaisir plutôt que de regret"


Alors comment faire, comment réussir malgré tout à se projeter quand cela semble impossible ? "Le premier appui pour supporter cette contraction du temps est la créativité. Lorsque le monde est trop étroit, s'il est difficile de voyager, nous pouvons néanmoins rêver ce futur", souligne Samuel Dock, qui a constaté chez ses patients un réconfort de taille dans la création.

"Le deuxième appui, c'est la pensée, grâce à laquelle on peut retirer l'énergie psychique d'une chose qui nous affecte pour la mettre sur une autre", fait-il remarquer. Exemple : faute de pouvoir voyager, je peux concentrer mon énergie sur la lecture de guides sur ce voyage rêvé.

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