Même oscarisée, Patricia Arquette pâtit des inégalités salariales "à la con"

Publié le Mardi 13 Novembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Patricia Arquette en août 2018
Patricia Arquette en août 2018
Dans cette photo : Patricia Arquette
Le discours de Patricia Arquette sur l'égalité des salaires lors de la cérémonie des Oscars 2015 avait été un éléctrochoc. L'actrice revient avec la série "Escape at Dannemora" en 2018, et rien n'a changé sur le front des inégalités.
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Elle avait remué la très policée cérémonie des Oscars 2015. Patricia Arquette, qui venait de gagner l'Oscar de la meilleurs actrice dans un second rôle pour Boyhood, avait bousculé la salle sur le thème de l'égalité des salaires entre les femmes et les hommes : "A toutes les femmes qui ont enfanté, à tous les contribuables et à tous les citoyens de ce pays, nous nous battons pour l'égalité des droits. Il est temps, pour nous les femmes, d'obtenir l'égalité salariale aux États-Unis. Les mêmes droits pour les femmes."

Mais aujourd'hui, où en est Patricia Arquette ? L'actrice de 50 ans n'a pas baissé les bras sur la question de l'égalité des salaires. Dans un entretien donné à The Daily Beast, elle n'y va pas par quatre chemins : "J'ai renoncé à plusieurs boulots parce qu'ils m'offraient des contrats à la con, différents des hommes d'une façon vraiment merdique."

Sur cette question, elle déplore toujours les schémas différents qui lui sont proposés parce qu'elle est une femme, comme le fait d'être payée à la fin, sur une partie des bénéfices, évoquant une "fausse équité".

Son discours aux Oscars en 2015 a quand même eu un impact concret sur la vie de nombreuses femmes. Comme cette femme qui a osé venir lui dire que, grâce à elle, elle avait osé demander à ce que son salaire soit le même que les hommes de son service : "Je la regarde, elle a probablement mon âge ou un peu plus, et je me dis que cette femme va probablement prendre sa retraite avec plus d'argent. Cela aura un impact sur le reste de sa vie."

D'autres femmes, inspirées, sont venues parler à l'actrice, lui confiant : "Je peux nourrir mes enfants ! Je peux aider mon fils à aller à l'université !"

Elle tempère cependant : "Il y a des millions de mères célibataires, surtout si ce sont des mères célibataires de couleur, qui gagnent moins par race, par sexe, et si ce sont des femmes transgenres de couleur."

Patricia Arquette ne voit pas comment pour l'instant la situation pourrait s'améliorer sous la présidence de Donald Trump : "Nous avons un enfant affamé sur cinq en Amérique, et beaucoup d'entre eux ont des mères qui travaillent à plein temps. Des mères célibataires. Elle peut avoir des conséquences mortelles. J'aimerais donc que nous allions de l'avant. Malheureusement, avec ce président, cette administration et ce cabinet, je ne vois pas vraiment cela se produire. En fait, il y a eu des reculs."

Un nouveau combat : visibiliser les femmes de plus de 50 ans au cinéma

Patricia Arquette est à l'affiche d'une nouvelle série qui sortira le 18 novembre sur la chaine américaine Showtime, Escape at Dannemora. Tirée d'une histoire vraie, elle y joue le rôle de Tilly, une employée de prison qui a aidé deux meurtriers à s'échapper tout en ayant des relations sexuelles avec les deux hommes.

Pour ce rôle, loin de l'habituel glamour hollywoodien, elle incarne une femme d'une cinquantaine d'années, issue de la classe moyenne américaine. Et elle y joue des scènes de sexe qui ont été, selon elle, une libération.

Patricia Arquette en profite pour dénoncer une industrie du cinéma qui laisse vraiment peu de place à ces femmes de plus de cinquante ans : "J'ai pensé, pourquoi on ne parle pas de ça ? [...] Je pense que nous avons une étrange distorsion sur la sexualité. Dans le cinéma américain, je pense que nous contribuons à une histoire bizarre et fausse."

Et si ce personnage pouvait impacter négativement sa carrière ? Elle n'en a cure : "Je sais très bien qu'il y aura beaucoup de films pour lesquels personne ne pensera à moi à cause de la façon dont je suis dans cette série. Il y a donc un pari, un risque littéral, réel."

Nous, on espère que sa parole aura un effet, parce que oui nous voulons voir plus de femmes de 50 ans au cinéma. La balle est dans le camp des producteur·trices.