La jeune scientifique Gitanjali Rao désignée "enfant de l'année" par Time Magazine

Publié le Lundi 07 Décembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
La jeune scientifique Gitanjali Rao nommée "Enfant de l'année" par le Time magazine.
La jeune scientifique Gitanjali Rao nommée "Enfant de l'année" par le Time magazine.
Malgré l'ambiance morose, l'espoir semble être le mot-d'ordre des nouvelles générations, et c'est tant mieux. Pour la première fois de son histoire, le magazine "Time" a souhaité couronner une enfant comme personnalité de l'année : la jeune Gitanjali Rao.
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En 2019, Time dédiait sa Une à l'activiste écologiste Greta Thunberg. Et aujourd'hui, en cette fin d'année des plus mouvementées, le célèbre magazine a décidé de consacrer sa couverture, et le titre inédit d'"Enfant de l'année", à une personnalité tout aussi brillante et jeune : Gitanjali Rao. La jeune ado n'a que 15 ans. Elle est née dans le Colorado. Et dénote particulièrement par ses indéniables compétences scientifiques.

Ses principaux travaux ? Avoir conçu Téthys, un petit appareil mobile à batterie, de la taille d'un simple jeu de cartes, et au but salutaire : détecter et quantifier la présence de plomb dans l'eau potable. Des recherches qui lui avaient déjà valu les félicitations de la revue professionnelle Forbes en 2019, la considérant comme l'une des personnalités les plus remarquables de mois de trente ans. Cette invention lui serait venue à l'esprit après avoir appris comment la technologie pouvait détecter les gaz dangereux dans l'air, comme le précise CPR.

"[Tehtys] s'adresse aux gens qui ne savent pas vraiment ce qu'il y a dans l'eau qui circule dans les tuyaux menant à leur maison... Ils sont ma priorité, ainsi que les écoles", expliquait-elle l'an dernier au média américain. Un projet soutenu par des responsables de laboratoires, mais également des porte-paroles de l'industrie de l'eau. Bref, c'est une belle innovation qui valait bien la reconnaissance médiatique prestigieuse du Time.

"Si je peux le faire, vous pouvez le faire"

"En parallèle, j'observe l'interférence de l'eau avec d'autres produits chimiques, en dehors du plomb. Par exemple, que se passe-t-il si le carbone se lie accidentellement au fluorure? C'est ce à quoi j'essaie de faire face. Je sais que mon appareil peut être précis", poursuit la jeune scientifique dans les pages de NPR.

Enthousiasmante et tout à fait brillante, l'adolescente américaine déboulonne volontiers l'effet Matilda, ce phénomène d'invisibilisation des femmes qui participent aux progrès scientifiques et technologiques. Elle en est d'ailleurs consciente.

Et le raconte au Time : "Il est vrai que je ne ressemble pas à votre scientifique typique. Tout ce que je vois à la télévision, c'est un homme plus âgé, généralement blanc, dans le rôle du scientifique. C'est comme si des gens avaient assigné des rôles au sexe, à l'âge, à la couleur de peau. Or, d'expérience personnelle, je peux témoigner qu'il n'est pas facile de ne voir personne qui vous ressemble dans votre domaine. Je veux donc vraiment faire passer ce message aujourd'hui : si je peux le faire, vous pouvez le faire, et n'importe qui peut le faire".

Un beau discours. D'autant plus que, comme le précise le portrait du Time, "l'enfant de l'année" est aussi l'instigatrice d'une notable application pour smartphone : Kindly. Cette app (et extension sur Chrome) détecte grâce à un système d'intelligence artificielle les prémices de la "cyber-intimidation". Comme elle l'explique au magazine, l'inventrice a codé en dur des mots "qui pourraient être considérés comme de l'intimidation", puis l'intelligence artificielle a identifié des termes similaires. Ce filtrage ciblé permet de modérer "des ados qui ont parfois tendance à se déchaîner", dit-elle. Un véritable outil de prévention contre le cyberharcèlement.

On l'imagine, Gitanjali Rao a plus d'une corde à son arc. Pour les lectrices et lecteurs du Time, réagissant à l'annonce de cette Une sur Twitter, la scientifique fait partie "des enfants et adolescents qui contribuent à notre culture et à notre société", dixit une internaute. On s'impatiente déjà de découvrir ses futures innovations.