"Je suis Serbe. Je ne peux pas me dire homosexuel"
Dans Paris Match, des révélations viennent d'être dévoilées publiquement au sujet d'une popstar emblématique des années 90, Filip, l'un des iconiques To Be 3, idole des jeunes, égérie de posters venus peinturlurer bien des murs à l'époque.
Le boys band le plus culte de l'époque - en tout cas, "l'un des" - va justement faire l'objet d'une très attendue adaptation à l'écran de sa trajectoire intime et artistique, un biopic en somme, dans la veine de Culte, la transposition en fiction de l'aventure Loft Story.
L'occasion de se replonger, en mode nostalgie et rétromania bien sentie, dans l'un des phénomènes culturels les plus indéniables de cette décennie MTV, celui des boysband façon N Sync. Et de revenir sur les figures les plus familières de ces sensations commerciales. Comme Filip Nikolic, justement, porte-parole hexagonal de cette lignée de jeunes hommes sexy et populaires.
Et c'est dans ce contexte que s'est exprimé auprès du magazine... Son ancien conjoint.
Car Filip était homosexuel, ou bisexuel - cela n'est pas précisé en détails - mais faire son coming out était à ses yeux mission : impossible. D'ailleurs, sa relation de plusieurs années avec Arnaud, l'ex conjoint en question, est restée totalement secrète, loin des pages glacées des tabloïds. Un secret que Filip a emporté avec lui lors de sa disparition, il y a 16 ans, d'une overdose de Lexomil.
Le coming out, chose impossible dans les années 90 ?
Son conjoint durant huit longues années, Arnaud, s'en attriste dans les pages de Paris Match. Mais précise surtout pourquoi : "Filip me disait toujours : Ecoute, je suis Serbe. Se dire homosexuel, ou bisexuel, ce n'est pas possible".
"En Serbie, c'est comme si on disait que la pluie sort du sol. Ce n'est pas possible", tient-il encore à relever auprès de la revue, en paraphrasant son conjoint défunt.
Et d'étayer encore à l'adresse des journalistes de Paris Match venus recueillir sa parole : "Je l'ai rencontré dans un cadre professionnel, ça a matché assez vite entre nous. On a carrément fait un voyage tous les deux à New York. On se voyait quelques jours par semaine. C'est son ex compagne qui nous a finalement interdit de nous voir, lorsqu'elle est tombée enceinte"
"J'ai tenu ma promesse à Filip durant seize ans : ne jamais évoquer notre relation. Et quand son enfant est devenu adulte je me suis dit : ce n'est pas honnête. Je veux raconter l'histoire, la vraie histoire de Filip"
Ce témoignage malheureusement n'est guère étonnant, pour qui s'intéresse à la difficulté du coming out.
Il nous renvoie à ces mots récents de Laurent Ruquier, autre icône médiatique homosexuelle, sur le plateau de C à vous : "Oui il y a des artistes qui assument dès le départ qu'ils sont gays et heureusement, car on est au 21ème siècle !... il y a aussi des chanteurs (et des acteurs !) qui sont obligés...De cacher leur homosexualité. Pour avoir des rôles et vendre des disques..."
C'est toujours compliquer, en France, aujourd'hui, de se dire homosexuel. Une lutte aussi bien intime que politique, dans une société hétérosexuelle, et patriarcale.