Pesticides dans les couches : à quand un ultimatum pour les protections hygiéniques ?

Publié le Mercredi 23 Janvier 2019
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Des pesticides dans les couches pour bébé, le gouvernement pose un utlimatium aux fabricants
Des pesticides dans les couches pour bébé, le gouvernement pose un utlimatium aux fabricants
L'Anses dévoile ce mercredi 23 janvier un rapport alarmant mentionnant les substances hautement toxiques contenues dans les couches pour bébé. Le gouvernement donne 15 jours aux fabricants pour éliminer ces produits. Quid des protections hygiéniques ?
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Une soixantaine de produits chimiques dans les couches jetables pour bébé. Voici les estimations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) qui dévoile un rapport alarmant ce mercredi 23 janvier.

L'expertise de l'Anses s'est appuyée sur des analyses et essais menés par le Service commun des laboratoires (SCL) et l'Institut national de la consommation (INC) entre 2016 et 2018 sur plusieurs références de couches représentatives du marché français.

Ces analyses ont mis en évidence la présence de différentes substances chimiques dangereuses dans les couches jetables qui peuvent notamment migrer dans l'urine et entrer en contact prolongé avec la peau des bébés.

"Certaines de ces substances sont ajoutées intentionnellement, telles que des substances parfumantes qui peuvent entraîner des allergies cutanées", note l'Anses.

Des substances allergènes et cancérogènes

Parmi les substances toxiques identifiées, le glyphosate, fameux pesticide produit par le géant Monsanto et ô combien controversé, car très néfaste pour la santé. À cela, s'ajoutent du lindane, du quintozène et de l'hexachlorobenzène : des pesticides pourtant interdits en Europe depuis 2000.

L'Anses mentionne également des composés chimiques que l'on retrouve notamment dans la fumée de cigarette ou dans les moteurs diesel, comme les dioxines ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques, considérés comme des perturbateurs endocriniens et dont certains ont des effets cancérogènes.

L'agence sanitaire en conclut qu'il n'est pas possible d'exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique qui concerne 95% des bébés français et préconise l'élimination de ces substances.

Un constat inquiétant qui a fait réagir le gouvernement : dans un communiqué publié ce 23 janvier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, le ministre de la transition écologique François de Rugy et le ministre de l'Economie Bruno Lemaire exigent "l'application immédiate" des recommandations de l'Anses.

Le gouvernement a posé un ultimatum aux fabricants et aux distributeurs de couches, qui ont quinze jours pour retirer les substances toxiques de leurs produits.

Des pesticides dans les couches pour bébé, le gouvernement pose un utlimatium aux fabricants
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Des pesticides dans les protections hygiéniques féminines

En juillet 2018, l'Anses avait publié un rapport tout aussi alarmant sur la fabrication des protections hygiéniques, notamment des tampons et des serviettes hygiéniques. L'étude avait révélé que, à l'instar des couches pour bébé, les protections périodiques sont bourrées de perturbateurs endocriniens et de pesticides, dont le glyphosate, le lindane et le quintozène.

Là encore, l'Anses avait fermement recommandé aux fabricants d'éliminer d'améliorer la qualité de ces produits afin d'éliminer ou de réduire au maximum la présence de substances chimiques dans ces produits. Mais contrairement aux couches, l'agence avait estimé que ces produits n'étaient pas ajoutés sciemment par les fabricants, à l'exception d'une substance parfumante.

Le gouvernement n'a pas non plus posé d'ultimatum aux fabricants pour retirer ces composés chimiques de leurs produits, malgré les résultats accablants de l'étude de l'Anses. Accorderait-on moins d'importance à la santé des femmes qu'à celle des bébés ? Comme le souligne Le Monde, il n'existe en France aucune réglementation spécifique concernant la fabrication des protections hygiéniques. Aux Etats-Unis, une représentante démocrate tente de faire passer une obligation d'affichage de la composition des protections hygiéniques.