Répartition des tâches ménagères : il y a des progrès, mais...

Publié le Jeudi 29 Octobre 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Répartition des tâches ménagères : il y a des progrès, mais...
Répartition des tâches ménagères : il y a des progrès, mais...
La répartition des tâches ménagères au sein du couple est-elle plus égalitaire aujourd'hui qu'il y a vingt-cinq ans ? Selon une étude de l'Insee publiée ce jeudi 29 octobre 15 dans la revue Économie et Statistique, les femmes passent aujourd'hui moins de temps à s'occuper du ménage, sans pour autant que la parité au sein du foyer soit respectée. Explications.
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Le ménage, la cuisine, l'éducation et les soins apportés aux enfants : il y a encore une trentaine d'années, ces tâches étaient assurées en grande majorité par la femme du foyer. Mais qu'en est-il aujourd'hui ?

L'institut national de la statistique et des études économiques s'est penché sur la question et en a tiré une longue étude sur le quotidien des Français et les inégalités de genre publiée ce jeudi 29 octobre dans la revue Économie et Statistique.

Premier constat fait par les chercheurs en analysant quatre grandes enquêtes réalisées entre 1974 et 2010 : les progrès en matière de parité restent, hélas, plutôt limités.

Car si les femmes passent désormais moins de temps à s'occuper des tâches domestiques, cela ne veut pas forcément dire que les hommes ont davantage mis la main à la pâte. "Il n'y a pas eu d'évolution notable du temps domestique des hommes au cours des vingt-cinq dernières années, analyse pour 20Minutes Ariane Pailhé, qui cosigne l'étude. Si l'écart entre hommes et femmes s'est réduit, c'est parce que les femmes en font moins à la maison qu'avant. Même si on constate dans le même temps que dans un quart des couples, l'homme accomplit davantage de tâches domestiques que sa conjointe."

Les femmes assurent encore deux tiers des tâches domestiques

Comment expliquer cette diminution du temps qu'accordent les femmes aux tâches ménagères ? D'abord, explique l'Insee, en se penchant sur les données sociodémographiques de ces vingt-cinq dernières années : hausse du niveau d'étude et du taux d'activité des femmes, hausse de la part de femmes seules et baisse du taux de natalité. Ensuite, parce que les tâches ménagères aussi ont évolué : on passe aujourd'hui beaucoup moins de temps à entretenir ses vêtements (tricot, couture, mais aussi lessive et repassage) et à cuisiner. "Il y a eu un changement dans les normes, explique Ariane Pailhé. On ne mange plus de la même manière : les plats cuisinés, livrés à domicile et les déjeuners pris à l'extérieur ont fait gagner du temps. En moyenne, on passe chaque jour 30 minutes de moins à la cuisine."

En 2015, les Français passent également moins de temps à faire la vaisselle : moins de trois heures par semaine.

Voilà pour les bonnes nouvelles. Car si les femmes passent aujourd'hui moins de temps chaque semaine à s'occuper des enfants, de la cuisine et du ménage, elles continuent d'assurer deux tiers des tâches domestiques.

Les hommes plus impliqués dans l'éducation des enfants

Si les hommes rechignent encore à faire la vaisselle ou consacrer une après-midi au repassage de leurs chemises, ils sont en revanche plus enclins à s'occuper de leurs bambins depuis une dizaine d'années. En moyenne, les pères de 2015 consacrent cinquante minutes de plus par semaine à leurs enfants. Mais là encore, ces derniers préfèrent s'investir dans des activités plus "valorisantes" telles que les jeux, la conversation ou l'apprentissage. Les soins aux enfants, les devoirs ou les trajets d'accompagnement restent assurés par 65% des mères.

"Les pères s'investissent plus sur les loisirs, les activités sportives ou culturelles à partager avec leurs enfants. Les hommes sont plus sur des temps choisis, moins répétitifs et contraignants", estime Ariane Pailhé.

Et tant que les normes ne bougeront pas, cela n'est pas prêt de s'améliorer. Selon les chercheurs de l'Insse, les stéréotypes de genre sont encore fortement ancrés dans les mentalités, même chez les jeunes générations.