Les femmes souffrent d'inégalités même la nuit

Publié le Jeudi 01 Août 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Les inégalités de genre sévissent jusque dans le sommeil
Les inégalités de genre sévissent jusque dans le sommeil
Au travail, à la maison, dans la rue, il semblerait que la nuit aussi, les femmes subissent des inégalités. Notamment en ce qui concerne leur sommeil.
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Les inégalités de genre n'ont malheureusement rien de nouveau. Les femmes les subissent sur leur lieu de travail, lors de la répartition des tâches ménagères, de l'éducation des enfants et dans la rue, lorsqu'elles sont confrontées au regard et au comportement sexistes de nombreux hommes. Seulement il y a un domaine qui a encore rarement été abordé : celui de la chambre à coucher.

Rien à voir avec le sexe, c'est davantage la partie sommeil qui est ici mise en cause. Et à juste titre. Une étude britannique récente réalisée par Benson For Beds, une compagnie de matelas, a ainsi passé au crible la routine nocturne de 2000 couples hétérosexuels. Au fil de leurs recherches, les scientifiques ont découvert que les femmes dormaient en majorité trois heures de moins par nuit que leur conjoint. Soit un total de 45 jours par an, si on les cumule. Un déséquilibre alarmant.

Ronflements, stress et charge mentale

Car s'il existe un tel écart, ce n'est pas uniquement dû à une habitude personnelle, et encore moins à une volonté de rester éveillée en pleine nuit, mais plutôt à un environnement peu propice à une qualité de sommeil optimale. Ainsi, 25 % des interrogées ont pointé du doigt les ronflements de leur mari, qui lui semble s'être logé bien confortablement dans les bras de Morphée. Vient ensuite le fait de se lever la nuit pour s'occuper des enfants, une tâche à laquelle les femmes s'attelleraient davantage que leur partenaire (14 % des mères le notent comme l'une des raisons de leur insomnie, contre 10 % des pères).

Autres facteurs : les changements hormonaux dus aux menstruations ou à la grossesse par exemple, et le stress qui nous fait cogiter jusqu'à pas d'heure. Une anxiété liée à la charge mentale, au travail, aux relations, et dont l'homme souffrirait moins, selon une autre étude de l'American Psychological Association. D'après l'organisation américaine, si les deux genres sont soumis à la pression de la vie quotidienne, les femmes présenteraient des symptômes physiques et psychologiques plus graves en conséquence que leurs homologues masculins.

Un homme stressé ne sera donc pas impacté sur sa santé de la même façon que sa compagne, et ce au même niveau d'anxiété. L'étude avance aussi que ces dernières seraient plus enclines à se préoccuper du bon fonctionnement du foyer et des enfants, et donc à souffrir davantage des répercussions sur leur sommeil.

Manque de sommeil : quelles conséquences ?

Quand on s'y penche de plus près, cette différence de taille déclenche un véritable engrenage. Dormir peu - ou en tout cas pas assez, comme le déclare la moitié des sujettes à l'étude britannique -, influe sur le bien-être dans son entièreté. Selon la NHS (la Sécurité sociale du Royaume-Uni), si une ou deux nuits raccourcie ne poseront pas de problèmes sur le long terme, "après plusieurs fois où le sommeil manque, les effets mentaux deviennent plus graves. Votre cerveau s'embuera, ce qui rendra difficile la concentration et la prise de décisions. Vous commencerez à vous sentir déprimé et vous risquez de vous endormir pendant la journée. Vos risques de blessures et d'accidents à la maison, au travail et sur la route augmentent également." Inquiétant.

L'étude indique également que 21% des femmes ont moins confiance en elles lorsqu'elle ne dorment pas assez et 34% s'avouent déprimées après une nuit trop courte. Il est donc essentiel de parvenir à rétablir l'ordre dans nos comportements nocturnes, en commençant par établir une conversation avec l'homme qui partage notre lit sur les raisons qui nous poussent à manquer de ce sommeil réparateur. Et si la communication ne change rien, il existe toujours des stratagèmes naturels pour booster notre production de mélatonine, l'hormone qui nous garantit des heures plus longues sous la couette.