Sanctionner le non-partage des tâches domestiques ? L'Espagne est plutôt pour

Publié le Vendredi 10 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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En Espagne, un homme a du verser 200 000 euros de compensation financière à son ex-épouse... afin de rétribuer les tâches domestiques qu'il a choisi d'ignorer un quart de siècle durant. Sanctionner le non-partage des tâches domestiques ? Une idée loin d'être absurde.
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C'est une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre : en Espagne, un tribunal a contraint un homme à verser une compensation financière de 204 624,86 euros à son ex-épouse, en plein divorce, relate Capital. La raison de cette compensation ? Simple : celle-ci s'est occupée en solo pendant pas moins de 24 ans de l'entièreté des tâches domestiques, quand tous deux étaient encore en couple. Tâches non rétribuées évidemment...

On tient un véritable cas d'école de la charge domestique, travail toujours aussi mésestimé comprenant aussi bien les tâches ménagères que l'éducation et la prise en considération des enfants (deux, dans le cas qui nous concerne) : près d'un quart de siècle à s'occuper toute seule du travail au sein du foyer.

Prenant place au sein du tribunal de Vélez-Málaga, dans la province de Malaga, le 15 février dernier, cette décision de justice a donc opté pour une pénalisation de l'inégale répartition des tâches domestiques, correspondant tout simplement à un "salaire minimum", étendu de 1995 à 2020...

Un concept qui n'a rien d'étrange en vérité.

Une idée à démocratiser ?

Pénaliser l'inégale répartition des tâches domestiques ? Il n'y a pas que l'Espagne qui y a pensé, quand bien même le pays est des plus en avances sur bien des points, comme l'a encore démontré en février dernier l'adoption de deux lois majeures : l'une permettant aux personnes de seize ans et plus de changer librement de genre., et la seconde autorisant un congé menstruel aux femmes souffrant de règles douloureuses. On ne s'étonne guère de voir ce genre de résolutions dans une nation résolument féministe.

Si cette décision de justice s'inscrit dans le cadre particulier d'un divorce, elle fait écho à des réflexions qui ont également pu résonner dans la nôtre - de nation. L'an dernier, la députée écoféministe Sandrine Rousseau s'était effectivement attardée sur une idée singulière, l'espace d'un live Twitch organisé par Madmoizelle : sanctionner le non-partage des tâches domestiques.

Une manière pour l'écologiste de prendre (enfin) en considération tout "un impensé" concernant "les politiques sur l'égalité femmes-hommes" à ce sujet. Elle s'était expliquée : "Je pense que le privé est politique. Il faudrait faire reconnaître dans un couple ce non-partage. Les femmes font davantage d'heures de travail domestique de plus que les hommes, et non payées". Un enjeu aussi bien intime que politique.

Et les chiffres parlent. 80 % des femmes consacreraient au moins une heure par jour à la cuisine ou au ménage contre seulement 36 % des hommes, épingle l'Observatoire des inégalités.