Vous laissez pleurer votre bébé ? Voilà ce qui se passe dans son corps

Publié le Vendredi 22 Avril 2016
Le HuffPost
Par Le HuffPost Média
Laisser un bébé pleurer
Laisser un bébé pleurer
Laisser pleurer son bébé, une méthode vraiment bénéfique pour l'enfant comme pour les parents ? Pas si sûr...
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Beaucoup de parents croient qu'il est utile de laisser pleurer leur bébé. Selon une opinion répandue, quelques minutes de pleurs ne font pas de mal à l'enfant, mais l'aideraient au contraire à trouver seul le calme et le sommeil.

Ainsi, la technique de "l'attente progressive" (également appelée en France "méthode du 5-10-15"), développée par le docteur Richard Ferber, neurologue et pédiatre à l'Université de Harvard et à l'hôpital pour enfants de Boston, est-elle encore utilisée de nos jours par des parents dans le monde entier.

Pourtant, presque personne ne sait vraiment ce qu'il se passe chez les bébés qui continuent à pleurer. Les conséquences corporelles et psychiques pourront peser sur eux leur vie entière.

Quand un bébé pleure sans être consolé par ses parents, son niveau de stress augmente. Car, à travers ses cris, il souhaite faire entendre quelque chose à ses parents peut-être a-t-il faim, ou bien ressent-il des douleurs, ou encore a-t-il besoin de compagnie. Il est totalement dépendant d'eux et ne peut s'occuper de lui-même.

Si ses appels sont ignorés, son corps est inondé d'hormones de stress. Sur la durée, cela peut endommager son système nerveux central. Sa croissance et son potentiel d'apprentissage peuvent également s'en ressentir.

Dans une interview au Süddeutsche Zeitung (ou SZ, le grand quotidien du sud de l'Allemagne), Karl Heinrich Brisch, chef du service de médecine psychosomatique de l'hôpital pour enfants de l'Université de Munich, explique que les bébés que leurs parents laissent pleurer "apprennent très tôt à déclencher un programme d'urgence dans leur cerveau, très similaire au réflexe de thanatose observé chez les animaux dont la vie est menacée, et qui consiste à simuler la mort". Leur développement cérébral en est affecté et ils n'apprennent pas à s'adapter au stress.

"Les bébés ont peur de la mort"

La psychologue Katharina Saalfrank, qui doit sa renommée à l'émission Super Nanny (dont la version allemande a été diffusée sur RTL), va également jusqu'à parler de "peur de la mort". Ainsi, en 2013, a-t-elle dit à propos de cette méthode si contestée: "Chaque seconde qui passe, les enfants ont peur de la mort."

Fabienne Becker-Stoll, directrice de l'Institut de Pédagogie infantile de Bavière, déclare au SZ: "Les enfants ont besoin d'une chaleur physique sur laquelle ils peuvent compter, afin de satisfaire leurs besoins psychiques élémentaires et de faire baisser leur stress. C'est seulement ainsi qu'ils peuvent construire des liens sûrs et confiants avec leurs parents puis avec les autres personnes de leur entourage."

Des conséquences psychiques qui se manifestent jusque dans l'âge adulte

Les bébés que l'on laisse crier peuvent être traumatisés. Le manque de réaction de leurs parents signifie : "Tu peux pleurer aussi longtemps que tu le souhaites, personne ne viendra t'aider."

Il en résulte fréquemment des problèmes affectifs, qui sont loin d'être les seules conséquences. Des troubles du sommeil, de l'anxiété, des dépendances et des symptômes dépressifs sont également susceptibles d'apparaître.

Laisser pleurer les enfants n'a aucune valeur pédagogique

Les parents qui ne réagissent pas tout de suite aux signaux envoyés par leur enfant ne font du bien à personne : ni à eux, ni à l'enfant. La méthode de "l'attente progressive" n'aurait aucune valeur pédagogique, car les bébés ont une perception du temps totalement différente de la nôtre. Ils ne savent pas s'ils ont pleuré cinq ou dix minutes et sont incapables d'en tirer la moindre conclusion.

Il est bien connu que les bébés pleurent d'autant plus longtemps que leurs parents les ignorent. Des chercheurs britanniques ont démontré que les nourrissons dont les besoins sont toujours satisfaits pleurent beaucoup moins au total que ceux qui reçoivent de moins d'attention.

La recette du succès: beaucoup de câlins

Des études ont en outre montré que les contacts affectueux et attentifs sont bons pour le développement.

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