On a vu "Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé"

Publié le Mercredi 20 Juin 2012
On a vu "Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé"
On a vu "Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé"
Dans cette photo : Jeanne Balibar
Bruno Podalydès est devenu un de mes cinéastes préférés quand en 1996, il réalisa «Dieu seul me voit». Je découvrai alors outre la sublime hystérique incendiaire Jeanne Balibar, l’exceptionnel et non moins intellectuel Denis Podalydès, son frère, avec lequel il a collaboré à l’écriture du scénario d’ «Adieu Berthe-l’enterrement de mémé-».
À lire aussi

Dans Adieu Berthe, Bruno dirige son frère Denis avec douceur, amour, bienveillance et surtout avec cette absurdité qui caractérise les grands (Je mesure 179 centimètres).

Armand (Denis Podalydès) vient de perdre sa mémé Berthe, dont il n’était pas très proche.

Armand est pharmacien avec sa femme Hélène (Isabelle Candelier) dans les DOM TOM (à Chatou) et souhaite se séparer de cette dernière, pensant être amoureux de sa maîtresse Alix (Valérie Lemercier).

Mais Armand jongle avec ces deux femmes et avec ses accessoires car, en plus d’être pharmacien, il est magicien et prépare en secret un tour pour l’anniversaire de la fille d’Alix...

Traitant à priori d’un thème lourd : l’enterrement, Adieu Berthe est pourtant une comédie légère, cocasse, drôle, touchante, moderne, champêtre, intellectuelle, technologique et absude à la fois.

La principale bande-son d’Adieu Berthe est l’alarme de réception et d’envoi des textos entre Armand et son amant, traditionnel «Tu dors? Oui.», au «Je t’aime mon amour» qu’il envoie malencontreusement à sa femme (acte manqué?), c’est cette musique qui fait danser le coeur d’Armand.

Et la mienne.

Jamais patrons  d’entreprises de pompes funèbres n’ont été si burlesques : l’un est une sorte de gourou post-moderne qui se vante d’avoir enterré les plus grands, dont Madame Pompidou : l’excellent Michel Vuillermoz, Charles Rovier Boubet, qui n’hésite pas à modre le doigt d’Hélène en pleine pharmacie pour lui témoigner son amour, l’autre : Yvon Grinda campé par Bruno Podalydès lui même est une sorte de Chevalier-Laspallès à lui tout seul.

Il a pour associé Haroun (Samir Guesmi) qui évoque à tout le monde le célèbre Haroun Tazieff et à qui il répond systématiquement : "Ce n’était pas Haroun Tazieff mais Haroun Taziouff!"

Un livre niché dans leur bureau en témoigne et Haroun Taziouff devient le "running gag" de ce film irréel.

Comme à son habitude, Valérie Lemercier est drôle et vulgaire, jamais grossière, surtout lorsque, dans un cimetière, elle s’énerve contre l’immobilisme d’Armand :

«Sors ta bite et fais pas chier.»

Le père D’Armand (Pierre Arditi) est un Alzheimer alcoolique : où qu’il soit, il pense être dans un bar, commandant des verres, mangeant des cacahouettes, même à l’enterrement de Berthe à l’issue duquel il dit : «J’me rentre.»

Les frères Podalydès, nos frères Coen à nous, excellent aussi bien dans l’humour, l’amour que dans la mort.

Vivent les frères Podalydès.

À propos
Jeanne Balibar
Dans l'actu