Cristiana Reali met les points sur les i.
Femme de convictions, comédienne féministe, engagée pour l'égalité des sexes, la star reconnue pour ses partitions du PAF au cinéma s'est permise un salvateur rappel des lieux sur les ondes d'Europe 1. En fustigeant l'exclusion des actrices de 50 ans et plus des écrans. Ce que l'on appelle en somme : l'âgisme ! Dénoncé par bien des consoeurs d'ailleurs, et pas juste dans l'Hexagone.
"Les femmes de cinquante ans dans le cinéma français, et ben c'est souvent les seconds rôles !", dénonce dans un premier temps celle qui a bousculé les planches dans la dernière adaptation en date de Un tramway nommé désir, d'après Tennessee Williams.
"Oui les femmes de cinquante ans et plus ont surtout droit aux seconds rôles dans la plupart du film"
"... A part quand évidemment on parle des actrices les plus bankable, bien sûr", précise la comédienne à l'antenne de la radio francophone. Actrice qui pense on s'en doute aux Deneuve, Huppert, Adjani... Des exceptions en vérité, qui ne font pas règle du tout au sein du cinéma français, face à tant d'actrices ignorées, reléguées au second plan.
"Ce qui m'étonne surtout c'est qu'il n'y a pas plus de femmes que cela qui écrivent sur les femmes !", déplore-t-elle encore au sein de la séquence forte à retrouver ci-dessous. "Et même ai théâtre hein, c'est pas qu'au cinéma !". Reali en sait quelque chose, puisqu'elle est une grande habituée des pièces, jusqu'à son sacre tout récent.
Cette réalité là, beaucoup la fustigent. Et les consoeurs de la comédienne partagent volontiers leur propre expérience à ce sujet, ces dernières années.
"On m'a conseillé du Botox à 33 ans !", dénonce ainsi d'interviews en publications sur les réseaux sociaux Adeline Blondieau, la comédienne de Sous le soleil, Les filles d'à côté, et Femmes de loi.
"Je me souviens de ce producteur qui ma fortement conseillé de faire du Botox... A 33 ans seulement !... Et à 40 ans je me suis dit que forcément, je le méritais... Je me suis fait extrêmement peur par rapport à tout ça, à ces injonctions. Mais entre temps j'ai vu tellement de carnage du côté de la chirurgie, je pense que je l'aurais regrettée toute ma vie", a effectivement détaillé la célébrité l'espace d'un accablant témoignage.
Témoignage où Adeline Blondieau épingle le règne du jeunisme, imposé, en vérité, par le patriarcat.
"Mannequin, présentatrice tv, comédienne, métier de l’image. On y apprend à se mettre en valeur à tirer le meilleur partie de son capital « beauté ». guidé par des maquilleurs, coiffeurs, costumiers, directeurs artistique et parfois des chirurgiens esthétiques… On nous éduque a nous regarder comme un instrument de travail à entretenir pour qu’il soit performant le plus longtemps possible", poursuit-elle d'un ton acerbre.
"Ne suis-je qu'un produit esthétique ? Avec une date de péremption ? J'ai senti cette pression à partir de 30 ans. Le regard scrutateur de la production pour traquer la ride, le signe du vieillissement. Je ne me sentais pas concernée, les rides font partie de la vie !"
Et ce alors que l'âge est source de promesses et de renouveau pour les femmes.
De quoi raviver d'autant plus les mots de Laure Adler, encore : "Vieillir, c'est être sauvage, en colère, passionné, ce n'est pas renoncer, devenir raisonnable, c'est ne plus attendre quoi que ce soit de ce que vous n'aimez pas et que vous avez tout de même fait parce que vous vous y sentiez obligée... Ce n'est pas parce qu'on est vieux qu'on est bon à jeter à la benne aux ordures ! J'ai hâte d'encore vieillir. Tant de choses à faire"
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