"Rock the Casbah" : une comédie douce-amère sur les secrets de famille

Publié le Mercredi 11 Septembre 2013
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
"Rock the Casbah" : une comédie douce-amère sur les secrets de famille
"Rock the Casbah" : une comédie douce-amère sur les secrets de famille
Dans cette photo : Omar Sharif
À la mort de leur père, trois sœurs se retrouvent dans la maison familiale, à Tanger, pour l'enterrer et veiller sur leur mère. Parmi elles, se trouve Sofia, la cadette, fraîchement revenue de New York où elle mène une carrière d'actrice. Alors que tous sont réunis durant trois jours pour pleureur la mort du patriarche, les langues se délient et les secrets longtemps enfouis resurgissent. Second long-métrage de la réalisatrice Laïla Marrakchi, « Rock the Casbah » esquisse avec tendresse le portrait d'une famille marocaine qui vit tant bien que mal avec ses blessures.
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L'alchimie entre les actrices principales (Morjana Alaoui, Nadine Labaki et Lubna Azabal), confondantes de justesse dans leur rôle de trois sœurs que tout sépare mais qui, malgré leurs différences et leurs différends, se retrouvent soudées dans l'adversité. Elles offrent au spectateur de beaux moments de complicité.

Le thème grave de la mort d'un parent, traité avec légèreté par la réalisatrice Laïla Marrakchi. Même si Rock the Casbah relate les trois jours de deuil qui accompagnent la mort du patriarche (Omar Sharif), les personnages, tous gagnés par une folie douce, n'hésitent pas à bousculer les codes établis par la tradition musulmane et à teinter son enterrement d'une ambiance rock 'n' roll.

L'humour, distillé au compte-goutte au fil de dialogues justes et percutants entre les membres de la famille, qui n'hésitent pas à se dire leurs quatre vérités.

Le choc entre tradition et modernité, retranscrit avec justesse par Laïla Marrakchi. D'un côté, le poids de la coutume et de la religion, symbolisé par les aïeuls de la famille, qui peinent à admettre les choix de vie de leurs enfants. De l'autre, le vent de liberté et de modernité qui souffle sur la société marocaine, et qui est symbolisée par Sofia, l'enfant du pays revenue des États-Unis pour l'enterrement de son père.

L'atmosphère du film, qui est baigné tout du long par un halo doré et qui apporte de la douceur à cette histoire familiale douce-amère.

La réplique

« Alors quoi ? On n'a pas le droit d'épouser le fils de la bonne ? Et moi j'ai pas le droit d'épouser un étranger ? Alors qu'est-ce qu'on fait ? On fait plaisir à papa : on épouse un bon Marocain, de bonne famille, qu'on n'aimera jamais », se rebelle Sofia, la cadette de la famille, alors que l'on vient d'enterrer son père.

L'info (in)utile

La réalisatrice de Rock the Casbah Laïla Marrakchi et l'actrice Morjana Alaoui, qui interprète Sofia dans le film, sont cousines. Cette dernière a d'ailleurs joué dans le premier long-métrage de la cinéaste, Marock, sorti en 2004. Elle y interprétait Rita, une jeune fille de la jeunesse dorée de Casablanca qui tombe amoureuse d'un garçon juif. Pour Morjana Alaoui, « le fait d'appartenir à la même famille est parfois un gros atout parce que l'on se connaît et que l'on se comprend mieux ».

La note de Terrafemina

Scénario : 7/10 ; Acteurs : 7/10 ; Originalité : 6/10 ; Bande-son : 8/10

Le synopsis

C'est l'été à Tanger. Une famille se réunit trois jours dans la maison familiale suite au décès du père, pour se remémorer les souvenirs et partager sa perte, comme le veut la tradition musulmane. Il faut quitter les plages, les maillots de bain pour se vêtir de djellabas, réunir tout le monde et donner à la maison des allures d'enterrement. L'agitation est à son comble d'autant plus que cet homme n'a laissé derrière lui que des femmes. Tout va basculer avec l'arrivée de Sofia, la dernière des filles, celle qui a fait sa vie ailleurs. Actrice n'interprétant que des rôles de terroristes dans des séries américaines, elle arrive de New York après plusieurs années d'absence. Son retour va être le moyen de régler ses comptes avec ses sœurs et bouleverser l'ordre établi depuis toujours par ce patriarche. Entre rire et larmes, une hystérie collective va mener chacune de ses femmes à se révéler à elle-même…

Comédie dramatique de Laïla Marrakchi, avec Morjana Alaoui, Nadine Labaki, Lubna Azabal, Hiam Habbass
Durée : 1h40, en salle le 11 septembre.