Rencontre avec Pénélope Bagieu, auteure, illustratrice et blogueuse !

Publié le Jeudi 27 Janvier 2011
Rencontre avec Pénélope Bagieu, auteure, illustratrice et blogueuse !
Rencontre avec Pénélope Bagieu, auteure, illustratrice et blogueuse !
Du blog au monde de l’édition, Pénélope Bagieu croque avec mordant les femmes d’aujourd’hui, leurs envies, leurs lubies et surtout leurs petits défauts… Rencontre avec une jeune illustratrice qui ne manque ni d’humour ni de talent !
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Terrafemina : Quel est votre parcours ?

Pénélope Bagieu : J'ai fait des études de cinéma d'animation à l'ENSAD (ndlr : Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs). A ma sortie, j'ai trouvé du travail dans l'illustration de publicité, métier que j'exerce toujours.

TF : D’où vous est venue l’idée de créer le blog « Ma vie est tout à fait fascinante » ?

P.B : Je l'ai créé au moment où je commençais à avoir beaucoup de boulot, où ça marchait bien. Alors j’ai eu tout d'un coup un très grand besoin de redessiner pour moi, sans contraintes, sans commentaires de personne, pour raconter ce que je voulais. J'ai toujours tenu un journal dessiné, et là je l'ai juste mis "au propre". J'ai choisi ce nom parce que ma vie EST véritablement fascinante, et la seule contrainte que je m'impose, c'est de ne pas me relire, de ne pas passer plus de 20 minutes sur mes notes, et surtout de ne jamais aller sur mon propre blog. C'est un peu comme une « diarrhée graphique » sur laquelle je ne me retourne pas. Une fois que c'est fait, c'est fait, j'oublie.

TF : Qu’est-ce qui vous anime dans le fait de partager vos dessins ? Est-ce un véritable journal intime 2.O ?

P.B : Je ne cherche pas particulièrement à les partager, j'ai juste besoin de mettre ça par écrit, puis de les envoyer comme dans une petite capsule spatiale très loin de moi. Comme je n'ai pas de commentaires, je n'attends pas de retours (c'était d'ailleurs précisément le but, à la création de ce blog). On peut dire en quelque sorte qu’il s’agit d’un journal intime, même si évidemment, je ne raconte jamais rien sur ma vie privée. Je ne mets jamais en scène les vrais gens qui m'entourent, et je ne parle pas de mon travail. C'est donc une sorte de journal intime qui ne se concentre que sur les non-évènements, l'anecdotique.

TF : Pensez-vous qu’Internet a joué le rôle de tremplin dans votre carrière ?

P.B : Le blog n'apporte pas de "vrai" travail, il faut le savoir. Au mieux, les annonceurs qui contactent les gens via leur blog leur promettent de la visibilité. Pour le vrai boulot, je passe par le circuit classique (les agences de pub, eh oui !). Pour ce qui est des BD, le blog permet de faire des albums tirés de blogs, on va dire. Mais ça s'arrête là. Pour faire une BD avec un scénario original, il faut convaincre les éditeurs, il n'y a rien de magique. Non, vraiment, il faut rendre au blog sa vraie place et son rôle : un défouloir, une manière de s'exprimer, éventuellement un moyen de partager des choses avec les gens, mais c'est tout.

TF : Joséphine est la Bridget Jones de la BD. Pourquoi avoir créé un personnage à son image ?

P.G : Il n'y a pas vraiment de vécu dans ce que je raconte dans Joséphine, notamment pour éviter la redite avec mon blog qui est 100% autobiographique. J'ai voulu créer un  personnage que j'aimais, qui avait un peu de toutes mes copines, des filles que je rencontre par le travail, etc. J'essaie de ne surtout pas être moqueuse. Et puis après trois ans avec elle, je m'y suis attachée.

TF : Les aventures de Joséphine doivent être bientôt adaptées au cinéma. Qu’en est-il ?

P.G : Ouh la, rien n'est fait ! Disons que les droits ont été achetés, et pour l'instant c'est tout. Je pense qu'on en reparlera dans... trois ans ? Quatre ans ? Quand j'aurai arrêté de travailler et que je coulerai des jours heureux sur une île déserte ?

TF : Bientôt le Festival d’Angoulême, comment l’appréhendez-vous ?

P.G : Comme toujours : j'ai hâte ! Même si cette année, j'ai un album en compétition et que je suis tenue de dédicacer beaucoup plus que d'habitude, je vais avoir moins de temps pour aller à la chasse aux dédicaces. Ça m'ennuie car cette année, beaucoup d'auteurs que j'admire énormément seront présents. Notamment les auteurs de la sélection officielle, qui contient cette année bon nombre des BD que j'ai préférées en 2010 (Ulli Lust, Daniel Clowes, Kirkman&Adlard etc).

TF : Pensez-vous que des filles dans l’univers masculin de la BD peuvent permettre de renouveler le genre et attirer un public élargi ?

P.G : L'univers de la BD n'est pas masculin, en tout cas, pas du côté des auteurs (cf cette fameuse sélection d'Angoulême 2011 : des tas de filles). Dans l'ensemble, les auteurs femmes ne renouvellent pas véritablement le genre, puisqu'elles restent dans le même univers, le même traité (surtout dans le domaine de la BD d'auteur). Elles ont une façon différente d'aborder les mêmes thèmes, et c'est sans doute ce qui est le plus intéressant, comme en littérature. Globalement, elles ne sont pas lues par un public tellement plus large ni plus féminin que les autres BD... En définitive, je dirais que non, elles n'attirent pas un nouveau public. Et dans mon cas, par exemple, je n'attache pas beaucoup d'importance au fait que la BD soit écrite par un homme ou une femme...

TF : Des projets en préparation ? Peut-être un quatrième « tome «  de Joséphine ?

P.B : Je travaille actuellement sur une BD extrêmement longue (je suis en plein dedans) que je dessine, sur un scénario de Boulet. Et ça va être super ! Après ça, j'ai un projet d'album jeunesse sur un scénario de Joann Sfar, où encore une fois je ne fais que le dessin. A part ça, je commence également à travailler sur un projet d'écriture en équipe, pour quelque chose qui n'a rien à voir avec la BD, c'est très nouveau, et donc assez excitant et complètement flippant !

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