Décès de Gilles Jacquier : « Il ne faisait que son travail »

Publié le Jeudi 12 Janvier 2012
La mort violente du grand reporter de France 2 Gilles Jacquier émeut les médias, l’opinion, et le monde politique. Alors qu’il effectuait sous autorisation un reportage dans le village de Homs en Syrie, le journaliste de 43 ans a été touché par un tir d’obus ou de grenade.
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Les réactions se sont enchaînées depuis hier après-midi, suite à l’annonce du décès du journaliste français Gilles Jacquier. Ce grand reporter de France 2 était parti avec une quinzaine d’autres, avec l’aval du régime syrien, enquêter dans le village de Homs, épicentre de la contestation qui secoue le pays depuis mars 2011. Il préparait un reportage pour le magazine Envoyé Spécial.

Nicolas Sarkozy
Hier soir, lors de ses voeux aux parlementaires, le chef de l’Etat a fait part de son émotion et en a profité pour rappeler « la difficulté du métier de journaliste et l’importance d’avoir des femmes et des hommes courageux pour dire la vérité de ce qui se passe » dans les pays en conflit. « Je suis sûr que toutes les formations politiques ici s'associeront à l'expression de ces sentiments émus, notamment à l'endroit de la compagne de Gilles Jacquier et de tous ses amis de la rédaction et de la profession », a ajouté le président.

Alain Juppé
Le ministre des Affaires étrangères a quant à lui demandé à ce que « toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame », et condamné au nom des diplomates « cet acte odieux ». Il a ensuite indiqué que l’ambassadeur de France à Damas - Eric Chevallier - avait fait en sorte que toute l'aide nécessaire soit apportée aux personnes qui accompagnaient Gilles Jacquier. « Il se rend immédiatement sur place pour leur apporter le soutien des services de l'ambassade », a précisé Alain Juppé.

Eva Joly
Pour introduire son discours lors de la Nuit de l’Egalité organisée hier soir au Bataclan, Eva Joly a tenu à rendre hommage « à un homme qui ne faisait que son métier », « ce terrible drame nous rappelle tout d'abord combien il peut être difficile d'exercer sereinement la liberté de la presse. Mais cela nous appelle aussi à une vigilance encore plus grande sur les évènements dramatiques qui se déroulent en Syrie », a-t-elle ajouté avant de réclamer une minute de silence « pour Gilles Jacquier, pour tous les journalistes qui exercent librement leur métier », et « pour tous les opposants syriens qui tombent chaque jour sous la répression ».

François Hollande
Le candidat socialiste à la présidentielle s’est exprimé dans un communiqué de presse pour dire son « immense émotion » à l’annonce de la nouvelle. Il n’a pas hésité à prendre à parti les autorités syriennes, « responsables des massacres commis entre les populations civiles », qui ont failli « à une autre de leurs obligations fondamentales : garantir la sécurité des journalistes et la liberté de l'information » Il a ensuite eu un mot pour Caroline, la compagne de Gilles Jacquier « qui exerçait son métier de photographe en compagnie de son mari » et qui est sortie indemne de cet épisode.

Bertrand Coq, reporter
Confrères, et bien plus, Gilles Jacquier et Bertrand Coq ont remporté ensemble en 2003 le célèbre Prix Albert Londres, le Graal des grands reporters, pour le documentaire « Naplouse » : « Il avait été blessé lors de notre reportage à Naplouse, raconte Bertrand Coq, une balle avait pénétré par le côté de son gilet pare-balles et l'avait touché à la clavicule. La balle avait été extraite par un médecin suisse à l'hôpital de Naplouse ». Son ancien collègue salue la mémoire d’« un excellent reporter de guerre », qui « n'avait peur de rien ». « Il avait couvert toutes les guerres, tous les événements des révolutions arabes », a-t-il confié à l'AFP.

Crédit photo : AFP

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