Défis RSE : quelle place pour la RSE dans les entreprises ?

Publié le Jeudi 31 Mai 2012
Défis RSE : quelle place pour la RSE dans les entreprises ?
Défis RSE : quelle place pour la RSE dans les entreprises ?
La morosité économique ne doit pas tuer l'initiative responsable des entreprises. Tel est le credo de Nora Barsali qui lance les trophées « Défis RSE », pour récompenser les sociétés qui réfléchissent à leur impact sur leur environnement humain et matériel. Un moyen de faire la lumière sur des projets innovants et de donner l'exemple. Entretien.
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Terrafemina : Vous remettez le sujet de la RSE des entreprises sur la table en créant les Trophées Défis RSE. Il y avait un vrai consensus sur ce sujet au début des années 2000, et beaucoup d’initiatives, avez-vous l’impression que sous l'effet de la crise économique les entreprises ont quelque peu balayé ces préoccupations sociales et environnementales ?

Nora Barsali : Je pense que c’est un sujet qui va continuer à monter en puissance, justement à cause de la crise qui fragilise les entreprises et les salariés. Aucune entreprise n’est à l’abri d’un conflit social, le lien entre la RSE et les performances économiques est de plus en plus évident. Du reste, étant donné la configuration économique, les entreprises ont tout intérêt à être bien notées pour obtenir des fonds ISR (pour investissement socialement responsable), réservés aux entreprises exemplaires.

Tf. : Est-ce que la RSE n’est pas un problème qui n’intéresse que les riches entreprises, les autres n’ayant ni le temps ni les moyens de s’en préoccuper ?

N. B. : Pour l’instant, il est vrai qu'il n'y a que les grandes entreprises qui se saisissent vraiment de la question, au sein des services RH ou « développement durable ». En France nous avons dix ans de retard par rapport aux Anglo-saxons, mais ce n’est que le début. Aujourd’hui la majorité des entreprises du CAC 40 ont une démarche RSE plus ou moins développée, le sujet est abordé et retranscrit dans leurs rapports. Il y a un effort à faire du côté des moyennes et des petites entreprises, qui doivent réfléchir elles aussi à leur impact sur l’environnement. Bien souvent elles ont moins de visibilité sur ce qu’elles peuvent entreprendre, c’est toute la mission du ministère en charge de PME. Nous avons justement prévu un trophée pour une PME, afin d’encourager des entreprises familiales qui ont déjà de bonnes pratiques, sans le savoir et sans le mettre en avant. C’est à nous de les repérer et de les pousser.

Tf. : Quels types d’initiatives pourront être récompensées par ces trophées ?

N. B. : Nous nous sommes basés sur la norme ISO 26000, qui fixe un cadre d’actions et d’orientations sur la RSE. Les trophées sont divisés en catégories selon les enjeux : dialogue avec les parties prenantes lors de l’installation sur un territoire, égalité professionnelle et diversité, politique sociale envers les salariés, relation BtoC responsable, ou comment une entreprise tâche d’assumer ses obligations envers ses usagers handicapés par exemple.

Tf. : Les démarches RSE mises en valeur par les entreprises ont parfois été taxées de « Greenwashing », comment distinguerez-vous les projets innovants et efficaces des opérations de communication ayant un moindre impact sur la réalité des sociétés ?

N. B. : Il faudra que le jury fasse preuve de vigilance et d’exigence. Mais parmi celui-ci, on trouve des personnes qui connaissent le terrain, des experts de la politique RSE en théorie et en pratique… Les critères de sélection pour les dossiers sont : la pérennité du projet RSE, l’audace et les moyens mis à disposition pour le réaliser. Nous évaluerons les résultats concrets, d’un point de vue quantitatif et qualitatif. Nous demanderons les bilans et rapports annuels de ces entreprises, afin d’authentifier les candidatures.

Tf. : Que pensez-vous de la place qui est accordée en politique aux questions de responsabilité sociale et environnementale des entreprises ? L’écologie a été reléguée au dernier plan durant la dernière campagne présidentielle. Souhaitez-vous toucher également les décideurs politiques par le biais des défis RSE ?

N. B. : L’écologie n’est qu’un des aspects de la RSE, qui se concentre sur l’humain, dans cette démarche la protection de l’environnement est incontournable. En France nous avons une image très dévalorisée des entreprises et on pense qu’elles ne sont pas responsables. Mais c’est faux, la définition de la RSE est « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société », beaucoup s’en soucient et je veux les faire connaître. Mais Défis RSE s’adresse aussi aux collectivités publiques, qui ont-elles aussi des objectifs de rentabilité. Nous allons démarcher les ministres en charge des entreprises et des affaires sociales (Marisol Touraine aux Affaires sociales, Benoît Hamon à l’Economie sociale et solidaire). Nous espérons un implication du côté du gouvernement.

Tf. : Qui peut se porter candidat pour les Défis RSE ?

N. B. : Toute entreprise ayant engagé une démarche RSE !

Dossiers de candidature à télécharger sur le site Agir pour l'égalité jusqu’au 30 juin 2012. Deux dossiers maximum par entreprise. Remise des trophées en novembre 2012.

Crédit photo : Hemera

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