Durban : « Il ne faut pas s'attendre à un accord global »

Publié le Mardi 29 Novembre 2011
Durban : « Il ne faut pas s'attendre à un accord global »
Durban : « Il ne faut pas s'attendre à un accord global »
Jusqu'au 9 décembre, la conférence de l'ONU sur le changement climatique se tient à Durban, en Afrique du Sud. Principal enjeu : adopter des mesures concrètes pour lutter contre le réchauffement de la planète. Décryptage des enjeux de cette conférence avec Vincent Chriqui, directeur général du Centre d’Analyse Stratégique.
À lire aussi

Terrafemina : Quels sont selon vous les principaux enjeux de cette conférence ?

Vincent Chriqui : Le principal objectif de cette grande réunion internationale est de progresser dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il sera difficile de trouver un accord général et global, mais les pays peuvent d’ores et déjà se mettre d’accord sur des objectifs à moyen terme. Nous pouvons avancer sur des mécanismes économiques ou encore sur la mise en place de financements innovants qu’il est possible de mobiliser. D'ici à 2020, ce sont près de 100 milliards de dollars par an que les pays développés ont promis de consacrer au financement des actions contre le changement climatique des pays en développement.

TF : Le Centre d’Analyse Stratégique évoque quatre sources possibles de financement innovant afin de réunir les fonds nécessaires à la lutte contre le changement climatique. Quelles sont-elles ?

V.C. : La première piste possible est la plus classique. Il s’agirait de réserver une part du produit de la vente aux enchères des quotas de CO2 pour le financement de projets d’atténuation des émissions et d’adaptation au changement climatique. La deuxième source exploitable est celle du secteur des transports internationaux, maritimes et aériens, fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Il s’agirait d’instaurer un système mondial de taxation carbone. Autre proposition : poursuivre les négociations sur une taxation des transactions financières proposée par la France lors du G20. Pour l’instant il n’y a pas eu d’issue favorable, mais il y a plusieurs axes possibles. Ces transactions internationales représentent des montants colossaux et restent une piste très intéressante à travailler. Reste à trouver un accord entre des Etats qui ont des positions et intérêts différents. Enfin, il existe une quatrième piste à combiner avec les autres : il s’agirait d’utiliser l’argent public dont on dispose afin de lever des fonds privés qui investiraient dans des projets propres ou dédiés à la lutte contre le réchauffement de la planète. L’idée serait d’expérimenter des mécanismes de financements publics à fort effet de levier destinés à réorienter les fonds privés vers ce type de projets. Ce, par de différents biais, comme des subventions ou la capitalisation de banques.

TF : Quels sont les principaux obstacles à la mise en œuvre de mesures concrètes et rapidement applicables ?

V.C. : Il s’agit surtout du manque de volonté politique. Il y a les Etats hostiles à ce type de propositions mais aussi ceux qui sont d’accord mais à condition que les mesures soient appliquées de façon simultanée et globale. Par exemple sur la question des taxations financières, il y a la forte crainte de ne les voir instaurées que sur une partie du globe, ce qui pourrait déplacer les centres financiers et léser certains Etats. La question est de savoir ce que peuvent accepter les gros pollueurs, comme les Etats-Unis ou la Chine, et jusqu’à quel point ils voudront bien prendre leur part de responsabilité. Ces deux acteurs majeurs sont pour l’instant plutôt fermés à des objectifs contraignants à court terme. Reste qu’heureusement cela ne signifie pas qu’ils soient immobiles dans la lutte contre le réchauffement climatique, on observe au contraire des actions au niveau local ou bien dans certains secteurs particulièrement investis. Des mesures positives peuvent donc être prises à Durban, même s’il ne faut pas s’attendre à un accord d’ensemble comme peut l’espérer l’Europe.


Vincent Chriqui

Crédit photo : AFP/Des militants écologistes de la "Trans African Climate Caravan of Hope" manifestent lors de la conférence de Durban pour réclamer plus de "justice climatique" le 28 novembre 2011

VOIR AUSSI

Durban : l’enjeu crucial pour les Etats insulaires
Cancun : un pas dans la négociation sur le changement climatique
Le changement climatique affecterait notre santé mentale
Les 230 mesures de NKM pour s’adapter au réchauffement climatique
Réchauffement climatique : les Français inquiets