Birmanie : le parti d'Aung San Suu Kyi annonce un raz de marée électoral

Publié le Lundi 02 Avril 2012
Birmanie : le parti d'Aung San Suu Kyi annonce un raz de marée électoral
Birmanie : le parti d'Aung San Suu Kyi annonce un raz de marée électoral
Dans cette photo : Michelle Yeoh
L'opposante birmane Aung San Suu Kyi proclame par anticipation la victoire de son parti aux élections législatives partielles qui se sont déroulées hier. La Ligue nationale pour la démocratie table sur un raz de marée électoral, et annonce avoir remporté au moins 43 sièges sur les 45 à pourvoir.
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La Dame de Rangoun a prononcé un discours de victoire lundi matin, après le scrutin des élections législatives partielles ce dimanche en Birmanie. Aung San Suu Kyi s’est félicitée des résultats pressentis de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) : « 43 sièges sur 44 », a indiqué Kyi Toe, porte-parole de la LND, « nous attendons les résultats pour le dernier, dans le Nord de l'Etat Shan », a-t-il ajouté.

Le régime n'a rien à craindre dans l'immédiat
Ces élections partielles visaient à remplacer les députés appelés à de nouvelles fonctions depuis la formation du gouvernement en 2011 pour remplacer la junte militaire. 45 sièges étaient à pourvoir dimanche : 37 à la chambre basse du parlement (sur 440 députés), 6 à la chambre haute et deux dans des chambres régionales. Ainsi, même si la LND l'emportait dans les 44 circonscriptions où elle a présenté des candidats, le gouvernement ne verrait pas son pouvoir menacé. Le parti de l’ancienne junte au pouvoir -le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP)-, avait revendiqué environ 80% des sièges au parlement en 2010. Et un quart des parlementaires sont, en vertu de la Constitution, des militaires d'active désignés en marge du processus électoral.

Un siège de députée pour Suu Kyi
Pour l’opposante historique à la junte militaire, ce scrutin est surtout symbolique, comme l’aboutissement du combat de toute sa vie. En 1990, la LND nouvellement créée avait remporté 80% des suffrages lors des premières élections libres, le pouvoir avait alors violemment réagi en annulant le scrutin. Assignée à résidence puis emprisonnée ou empêchée de quitter le pays, Aung San Suu Kyi a passé plus de seize années enfermée, elle n’a été libérée qu’en novembre 2010.
En cas de victoire confirmée aux élections de dimanche, celle-ci entrerait enfin au parlement, la lauréate du prix Nobel de la paix (1991) s’est en effet présentée dans la circonscription rurale de Kawhmu, près de Rangoun.

Lundi matin, celle qu’on surnomme « The Lady » a prononcé quelques mots au siège de la LND. « Ce qui importe n'est pas le nombre de sièges remportés, bien que nous soyons bien sûr extrêmement satisfaits d'en avoir gagné autant, (mais) le fait que les gens montrent autant d'enthousiasme dans leur participation au processus démocratique ». Elle a appelé la Nation birmane à s'unir pour « consolider la démocratie », évoquant le début d'une « nouvelle ère, dans laquelle le rôle du peuple dans la politique au quotidien sera accentué ». Evoquant déjà un « triomphe », pour « ceux qui ont décidé qu'ils devaient participer au processus politique de ce pays ».

Dignité dans la victoire
Lundi matin, aucune communication officielle de la Commission électorale n’avait établi de pronostics sur les résultats, censés tomber dans une semaine. Devant le quartier général du parti à Rangoun, des milliers de partisans s’étaient réunis dimanche soir pour fêter leur victoire. Tard dans la soirée Suu Kyi les a encouragés à ne pas se dresser contre les autres forces politiques du pays, appelant de ses voeux « une victoire digne », et bannissant « les propos, comportements et activités qui pourraient faire du tort aux autres organisations ».  « Nous espérons que tous les partis qui ont participé aux élections seront en mesure de coopérer avec nous afin de créer une atmosphère véritablement démocratique dans notre Nation ».

L’ambition d’Aung San Suu Kyi aujourd’hui : tester le nouveau gouvernement de l’intérieur, influencer ce régime qui prétend vouloir s’ouvrir à la démocratie, et asseoir la popularité de son parti d’ici les législatives de 2015, pour que l'opposition devienne majorité. Arrivés au pouvoir il y a un an, les anciens militaires réformateurs cherchent de leur côté à convaincre les pays occidentaux et de l’Asie du Sud-est que leurs réformes justifient la levée des sanctions qui étranglent l'économie du pays. Dans le cadre de ce processus de réformes sous contrôle de l'armée, ils auraient même intérêt, selon les analystes, à voir l'opposante triompher sous le regard de la communauté internationale.


Source : Libération
Crédit photo : AFP

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