Afghanistan : il exécute sa fille en public pour sauver l’honneur de la famille

Publié le Vendredi 03 Mai 2013
Afghanistan : il exécute sa fille en public pour sauver l’honneur de la famille
Afghanistan : il exécute sa fille en public pour sauver l’honneur de la famille
Halima, une jeune Afghane d'une vingtaine d'années, a été exécutée de trois balles de kalachnikov dans la tête devant des centaines de personnes par son père. Elle s'était enfuie avec son cousin, « bafouant » ainsi l'honneur de sa famille.
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Fin avril, Halima, jeune Afghane d’une vingtaine d’années, a été abattue par son père en public dans la province de Baghdis, dans le nord-ouest du pays. Alors que son mari et ses deux enfants étaient en Iran, la jeune fille s’est enfuie avec son cousin, a rapporté Sharafuddin Sharaf, chef de la police de Baghdis, à l’AFP. Elle a été abandonnée deux jours plus tard par le cousin avant d’être retrouvée par son père. « Les gens ont commencé à parler au village de ce qui était arrivé et un neveu du père, un religieux enseignant le Coran dans une école, lui a dit que sa fille devait subir la peine capitale », poursuit le chef de la police. Nul ne savait pourtant s’il y avait eu adultère entre la jeune fille et son cousin.

Une exécution publique et filmée

Halima a donc été exécutée sur la place publique du village de Kookchaheel le 22 avril selon Amnesty International, devant 300 à 400 personnes. Elle aurait été filmée selon une militante des droits de l’Homme de Baghdis : « Halima y est agenouillée et porte un long tchador. Un mollah prononce la prière funèbre puis son père, placé derrière elle, tire trois balles avec une kalachnikov à environ 5 mètres de distance », raconte-t-elle à l’AFP. L’ordre aurait été donné par un taliban influent de la région. La police n’est arrivée dans le village que deux jours après les faits, laissant au père de la jeune fille et à sa famille le temps de fuir.

Des exécutions impunies

Les talibans continuent d’exercer localement leur pouvoir depuis la fin officielle du régime en 2001. Amnesty International déplore que les responsables soient « rarement traduits en justice ». Bien que Kaboul ait instauré des lois pour pénaliser les mariages forcés, le viol et les violences faites aux femmes en 2009, les exécutions publiques sommaires et les tribunaux d’honneur sont toujours légion dans des zones plus reculées. En juillet 2012, une femme avait été exécutée par balle par des talibans dans la province de Parwan. Elle était accusée d’adultère. En 2010, un couple avait été lapidé par une centaine de personnes dans un village contrôlé par les talibans. Les Afghanes craignent un retour en puissance du régime taliban après le départ des forces internationales, prévu pour fin 2014.

Victoria Houssay

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