Cecile Kyenge : une banane jetée sur la ministre de l'Intégration italienne

Publié le Lundi 29 Juillet 2013
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Cecile Kyenge : une banane jetée sur la ministre de l'Intégration italienne
Cecile Kyenge : une banane jetée sur la ministre de l'Intégration italienne
Le lynchage raciste contre Cecile Kyenge continue en Italie. Il ya deux semaines, le vice-président du Sénat Roberto Calderoli l'avait traitée d'orang-outan. Vendredi 26 juillet, la ministre de l'Intégration a été victime d'un jet de bananes, alors qu'elle prononçait un discours à Cervia. Son tort ? Être la première et unique ministre noire du gouvernement italien.
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La ministre de l'Intégration italienne Cecile Kyenge a dû essuyer un nouvel acte raciste vendredi 26 juillet. Alors qu'elle prononçait un discours lors d'une fête du parti démocrate à Cervia, dans l'Est du pays, Cecile Kyenge a été victime d'un jet de bananes de la part d'un sympathisant du groupe d'extrême-droite Forza Nuova (Force Nouvelle). Celui-ci entendait protester contre la réforme du droit du sol de la ministre, qui souhaite accorder la nationalité italienne à toute personne née dans le pays. Le membre de Forza Nuova, qui a raté la tribune, était accompagné d'autres militants d'extrême-droite. Ceux-ci ont déposé, durant le discours de Cecile Kyenge, des mannequins couverts de faux sang et distribué des tracts sur lesquels était inscrit « l'immigration tue ».
Cecile Kyenge a réagi sur Twitter peu après les évènements, qualifiant ce geste de « triste » qui porte honneur à l'image de l'Italie. « Je trouve déplorable que l'on gâche des aliments quand on sait combien de gens meurent de faim », a-t-elle ajouté.

Cecile Kyenge, cible préférée de La Ligue du Nord

Depuis sa nomination à la tête du ministère italien de l'Intégration en mars dernier, Cecile Kyenge est devenue la cible privilégiée des militants d'extrême-droite, mais aussi des politiques. Ceux-ci lui reprochent autant ses origines congolaises que la réforme du droit du sol qu'elle entend imposer. Première femme noire à être entrée au gouvernement, Cecile Kyenge est devenue malgré elle la souffre-douleur du parti populiste de la Ligue du Nord. Mi-juin, Dolores Valandro, une élue locale du parti anti-immigrés, avait appelé sur Facebook au viol de la ministre. Un mois plus tard, c'était au tour de Roberto Calderoli, vice-président du Sénat et lui aussi membre de la Ligue du Nord, de déraper en comparant Cécile Kyenge à un « orang-outan ».

Faisant fi des basses attaques dont elle est sujette, Cecile Kyenge a toujours revendiqué fièrement ses origines et la couleur de sa peau, affirmant : « Je ne suis pas de couleur, je suis noire. »
Elle a de son côté reçu de nombreux soutiens politiques. Suite aux évènements de vendredi, l'ex-maire de Rome Gianni Alemanno a qualifié le geste du militant de Forza Nuova de « honteux et scandaleux. Solidarité avec la ministre Kyenge. À présent, isolons les imbéciles. » Un sentiment partagé par la ministre de l'Agriculture Nunzia de Girolamo qui a estimé que l'attitude de Cecile Kyenge était irréprochable, montrant que « face à des actes idiots et violents, la meilleur était parfois l'ironie ». La ministre de l'Environnement Andrea Orlando a quant à elle fait part de sa « très vive indignation pour cet acte minable ».

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