Afghanistan : les petites skateuses prennent le pouvoir

Publié le Jeudi 22 Janvier 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Afghanistan : les petites skateuses prennent le pouvoir
Afghanistan : les petites skateuses prennent le pouvoir
Permettre aux fillettes afghanes de s'émanciper et de rêver dans un pays ravagé par les conflits armés depuis plus de trente ans : c'est le pari que s'est lancé Skateistan. Depuis 2007, cette association à but non-lucratif offre skateboards et leçons de skate aux enfants afghans pour enrayer les problèmes sociaux et leur prouver qu'un avenir plus radieux est possible.
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Malgré la chute du régime des Talibans il y a quatorze ans, l'Afghanistan reste, encore aujourd'hui, un pays marqué par la violence et les conflits. Alors que l'Otan vient de retirer ses forces armées après treize ans de présence militaire dans le pays, l'Afghanistan n'est pas à l'abri des attaques des insurgés, prêt à tout pour reprendre le pouvoir.

Quant aux femmes afghanes, elles restent encore et toujours soumises à la loi islamique, qui leur interdit la pratique de nombreuses activités sportives, comme le vélo.

L'émancipation sur roulettes

C'est dans ce climat de peur et de violence permanent que grandissent aujourd'hui les enfants afghans. Comment garder espoir en l'avenir dans un pays déchiré depuis trente ans par les conflits ? C'est pour leur prouver qu'un autre lendemain est possible que l'Australien Oliver Percovich a fondé Skateistan il y a sept ans, une organisation à but non-lucratif qui se propose de fournir aux enfants, et en particulier aux filles, des skateboards et de leur dispenser gratuitement des leçons dans le cadre de l'enseignement qu'ils reçoivent à l'école.

« Les activités et sports traditionnels comme le vélo, le football et le cerf-volant sont très populaires en Afghanistan, mais ils sont seulement tolérés quand ils sont pratiqués par des garçons », explique à ABC News Rhianon Bader, le directeur de la communication de Skateistan. Or, la culture du skateboard n'existait pas du tout en Afghanistan, donc il n'y avait pas de contraintes sociales pour les filles à monter sur une planche à roulettes. »

A girl's best friend? After class in Kabul, #Afghanistan.

Une photo publiée par @skateistan le Janv. 20, 2015 at 11:27 PST

Skateistan #skatergirls doing a skate demo during a Women's Day event in #Kabul #Afghanistan

Une photo publiée par @skateistan le Janv. 11, 2015 at 3:43 PST


« Nous voulons que les filles se voient les unes les autres comme des modèles plutôt que les seigneurs de guerre qui circulent autour de la ville en brandissant des armes à feu », affirme Oliver Percovich au Daily Mail, qui a consacré un long reportage à Skateistan.

Le skate, une discipline garante de mixité sociale

Partenaire du programme « Retour à l'école », Skateistan aide aussi les enfants qui ont décroché du système scolaire à retourner sur les bancs de l'école. « Nous tendons la main aux enfants pauvres issus de la rue, ceux qui vivent dans des camps, et même ceux issus de la classe moyenne. Cette mixité des origines sociales est vraiment très importante pour reconstruire une société civile qui a été dévastée par des décennies de guerre », souligne Rhianon Bader.

That feeling. #thankyouskateboarding #keepskateistanrolling #Afghanistan

Une photo publiée par @skateistan le Déc. 17, 2014 at 10:47 PST


Créé en 2007 autour de trois planches à roulettes et une moto pour les transporter dans Kaboul, le projet Skateistan a aujourd'hui séduit de nombreuses écoles de la capitale afghane. Selon le DailyMail, l'ONG aide aujourd'hui plus de 800 enfants à poursuivre leurs rêves dans le pays et vient d'ouvrir à Mazâr-e Charîf, au nord du pays, un skatepark et une salle de classe en plein air pour les skateurs en herbe.