Les intellectuelles plus libérées sexuellement que les ouvrières ?

Publié le Mercredi 03 Avril 2013
Les intellectuelles plus libérées sexuellement que les ouvrières ?
Les intellectuelles plus libérées sexuellement que les ouvrières ?
« Les intellectuels […] se pensent souvent bien plus ouverts et plus imaginatifs en matière de sexualité que les personnes de milieu populaire », affirme le sociologue Michel Bozon. Mais sont-ils réellement plus libérés ? Éléments de réponse sur les pratiques sexuelles des Français.
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Une enquête a été menée pendant plus d’un an par les sociologues Nathalie Bajos et Michel Bozon, pour déterminer les pratiques sexuelles des Français selon leur milieu social. Au total, 12 000 personnes ont été interrogées par téléphone durant une cinquantaine de minutes sur leurs pratiques et leurs normes. Les résultats ont été publiés dans la revue Raison présente, et indiquent que si les femmes CSP+ semblent effectivement être plus émancipées que les ouvrières non qualifiées, elles ne le sont pas nécessairement en tous points.

Une disparité au niveau des pratiques

Les femmes de professions intellectuelles ou libérales avouent volontiers être familières du sexe oral par exemple : elles sont 80% à pratiquer la fellation. Seuls 2% ont dit ne jamais avoir eu de pratiques orales, contre 20% des ouvrières. Même son de cloche pour la masturbation, qui ne fait pas rougir les femmes des milieux aisés. Elles sont 85% à déclarer s’être donné du plaisir, contre seulement 46% des ouvrières.

En revanche, les intellectuelles sont moins libérées pour parler d’autres habitudes sexuelles. La sodomie est pratiquée par 47% des artisanes et ouvrières, pourcentage réduit de moitié chez les enseignantes qui sont 20% à avoir déclaré y être familières. Autre disparité à noter : la consommation de films pornographiques est plus fréquente chez les ouvrières, qui sont 30% à déclarer en regarder régulièrement, contre 17% des femmes de professions intellectuelles.

Les pratiques sexuelles, une norme socio-professionnelle ?

D’une classe à l’autre, une pratique peut être considérée comme une norme ou non, explique Michel Bozon. Des évolutions se seraient faites dans tous les milieux, mais dans des sens différents. Ainsi, les ouvrières seraient réticentes concernant les pratiques non-procréatives (exceptée la sodomie) à cause de leur attachement à la cellule familiale (elles sont 77% à déclarer qu’il est « impossible de réussir sa vie sans avoir d’enfant ») alors que les CSP+ rechigneraient à dire qu’elles regardent du porno car cela les rapprocherait d’un produit « peu élaboré, peu coûteux et facile d’accès ». Michel Bozon cite La Distinction de Bourdieu pour expliquer ce phénomène de rejet, en concédant que certaines déclarent ne pas en regarder par pudeur ou par honte mais le font néanmoins.

Victoria Houssay

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