C'est le film le plus culte et trash de Rose McGowan.
La porte-parole du mouvement #MeToo depuis 2017. L'actrice mémorable de la série Charmed et de Scream, bien sûr, emblématique pour toute une génération élevée aux slasher et à la Trilogie du samedi de M6. Mais également l'interprète principale d'une comédie noire réjouissante, Jawbreaker, où elle incarne la reine des abeilles, et donc, du film d'autant plus ravageur dont il est ici question : The Doom Generation.
Un titre, comme un manifeste.
Celui de Gregg Araki, cinéaste gay, transgressif, expérimental, hyper pop, ayant délivré ici son long-métrage le plus connu (aux côtés du bien nommé Kaboom). C'est un peu Sailor et Lula, ou Bonnie & Clyde, revisité par Andy Warhol et MTV. Rythme affolant, esthétique sidérante, ultra violence, sexualité décomplexée... Ce road movie furieux n'a rien perdu de sa superbe. C'est l'hymne de toute une jeunesse, désenchantée, tragicomique, révoltée, celle de l'ère grunge et de la génération Tarantino.
Et tenez-vous bien : The Doom Generation est enfin de retour en salles, pour une ressortie exceptionnelle.
En version restaurée, ce long-métrage cultissime débarque à Paris, dans quelques salles obscures du Quartier Latin, comme le Reflet Médicis, et une partie des cinémas MK2 présents sur la capitale. C'est un événement : aux côtés de cet Araki en figurent d'autres, comme le méconnu Totally Fucked Up, et un ovni beaucoup plus trash encore : Nowhere.
Pourquoi s'en soucier ? C'est simple...
The Doom Generation érige Rose McGowan en icône.
Looks de diva hollywoodienne, rouge à lèvres sanglant, lunettes de soleil sur le nez, McGowan y concilie l'énergie punk, la rage riot grrrrl et l'allure des grandes actrices d'antan. Elle n'a jamais obtenu de rôle aussi complet et évocateur. Elle y excelle. Et le film n'est pas inintéressant non plus : immense euphémisme.
"On ne se remet jamais de son premier Gregg Araki. Les fulgurances pop art de The Doom Generation (et le look de Rose McGowan !), la fin totalement "fucked up" de Nowhere, la sexualité décomplexée de Kaboom, l'immense trauma' que fut Mysterious Skin, bien placé dans le top des films qui brisent le coeur.", écrivait-on sur Terrafemina lors de la parution d'un essai éclairant : "Gregg Araki : le génie queer" (Editions Playlist Society)
"Chaque film du cinéaste américain est une claque visuelle, un concentré d'humour désabusé, de contre culture et d'amour au pluriel. Par sa manière de dépeindre les relations, notamment celles d'une jeunesse aux antipodes de ses modèles parentaux, son second degré ravageur et son océan de références hybrides, le cinéma de Gregg Araki annonce avec trente ans d'avance des enjeux de notre société, et des créations actuelles."
On était ressorti hagard de ces séances pas comme les autres, et de la façon dont le réalisateur va épingler au gré de ses films, The Doom Generation de prime abord, body shaming et homophobie d'une Amérique réac, magnifier marginalités, aliens et non binarité. Sans craindre les débordements, les métamorphoses et la fin du monde.