Lio tacle.
Le sexisme ordinaire, le monde de la musique qu'elle ne connaît que trop bien depuis 40 ans, mais aussi, la société patriarcale, et à travers elle, son plus insidieux reflet : le PAF, la télévision, ce concentré d'images qui vient cristalliser passions, indignations, mais aussi discriminations, notamment quand il s'agit de silencier les femmes.
Lio l'a vécue. Il y a 20 ans, elle dénonçait le féminicide de Marie Trintignant dont Bertrand Cantat est l'auteur, mais surtout, le traitement éhonté du chanteur par la presse (même les voix dites "progressistes") : romantisé, loué, source d'empathie, de relativisme permanent, si ce n'est, objet de diverses formulations alimentant le mythe de la rockstar, du poète maudit, de l'amour et du crime "passionnels". No comment. Tout cela, Lio l'a fustigée. Sur le plateau de Thierry Ardisson notamment.
Résultat ? Huées, moqueries, scandales, insultes.
Elle revient là-dessus devant les caméras de Konbini. Et témoigne, livrant enfin sa propre version de cet enfer...
Lio revient sur ses expériences désastreuses.
A Konbini, elle soutient aujourd'hui l'importance du féminisme, de la sororité, qu'elle n'a que trop peu connue malheureusement, et étaye cette impression d'avoir été conspuée, il y a 20 ans, pour avoir simplement osé dénoncer le traitement de la mort d'une femme, battue à mort. Marie Trintignant.
"On m'a traitée comme on traite toutes les femmes, comme une écervelée, comme une potiche, sexualisée à mort, humiliée", dénonce-t-elle avec force et éloquence. Ce qu'elle décrit, c'est une forme de mise au pilori, dans une émission abondamment regardée. Un rejet réfléchi de la pensée féministe par un système qui tient à conserver son confort patriarcal. En faisant taire les femmes.
"Je savais que j'étais seule, mais j'y suis quand même allée. Parler, se taire, c'est une vraie question éthique. ", poursuit-elle avec vigueur devant les caméras de Konbini. "Quand je parle du quotidien des femmes artistes, je parle du quotidien des femmes tout court". Pour illustrer ce que Lio énonce, il faut raviver les lignes dédiées au féminicide de Marie Trintignant en 2005. Entre autres formules, titrailles et accroches : "crime passionnel, "crime d'amour",: "Bertrand Cantat ne cherchait pas la mise à mort. Il cherchait à se faire aimer davantage". : "il l'aimait tant qu'il l'a tuée".
Tout cela, Lio le fustigeait. Lasse : l'époque n'était pas prête. Ou plutôt, sourde, véhémente, antiféministe.
"L'affaire Trintignant touche beaucoup de jeunes, je m'en suis rendue compte, ça m'a bouleversée, je pense que si tous ces jeunes s'unissent, la nouvelle génération, il est possible de faire bouger les lignes", se réjouit aujourd'hui l'interprète.