Frigidité féminine : une souffrance et des solutions

Publié le Samedi 25 Mai 2013
Frigidité féminine : une souffrance et des solutions
Frigidité féminine : une souffrance et des solutions
Qui n’a jamais eu peur d’être « froide », un glaçon pas sexy du tout, incapable de sauter aux hanches de Gégé quatre fois par semaine. « Frigide » : ce vilain adjectif cache des réalités diverses et complexes, et beaucoup moins graves qu’on ne croit. Le point sur les origines et les solutions avec le sexologue Jacques Buvat.
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Qu’est-ce que la frigidité féminine ?

Frigide, le mot est insultant de nos jours. Un amant mal élevé n’hésitera pas à vous le balancer si vous vous refusez à lui plusieurs fois de suite. Heureusement, plus aucun gynéco ou sexologue n’osera utiliser ce jargon médiéval. On parle aujourd’hui davantage de « dysfonctions sexuelles féminines » et les définitions que l’on donne à ces troubles évoluent avec le temps et la recherche sur la sexualité (lentement donc). « Précisément, pour ce qu’on appelait autrefois « frigidité féminine», on parle aujourd’hui de « trouble du désir sexuel hypoactif, désignant ainsi le manque d’intérêt sexuel», nous explique Jacques Buvat, sexologue et président de la société francophone de médecine sexuelle.

Frigide et heureuse ?

Heureusement pour nous, la « révolution sexuelle » est passée par là, mais surtout, la naissance de la sexologie a permis de cerner un peu mieux ce problème, qui n’en est d’ailleurs pas toujours un. Le sexologue Jacques Buvat explique en effet que si l’on estime à 40% le pourcentage de femmes qui éprouvent des troubles sexuels de toutes sortes, seules la moitié de celles-ci en souffrent. En bref, une femme a tout à fait le droit de ne pas souffrir de ne plus avoir de vie sexuelle. « Il y a une pathologie quand il y a souffrance, développe J. Buvat, et nous avons de multiples façons de vivre ou pas notre sexualité. La différence aujourd’hui est qu’on attend des femmes qu’elles jouissent, ce qui n’était pas le cas il y a cinquante ans. »

Des causes variées et périodiques à la frigidité

Encore un signe d’une époque où tout va un peu trop vite, le motif principal de ce manque de désir serait notre manque de temps. Eh oui, désirer est chronophage, surtout chez les femmes. On pourra m’objecter qu’il s’agit d’un cliché, je soutiendrai encore qu’il existe bel et bien une différence entre les désir des hommes et celui des femmes, et que les secondes ne présentent pas certains automatismes masculins… « J’entends beaucoup de patientes me dire qu’elles n’ont pas la tête à ça, qu’elles sont fatiguées, confirme J. Buvat. De fait, le temps de l’intimité se réduit et la spontanéité est inhibée. » Pas étonnant que de nombreux jeunes parents traversent un désert sexuel après une naissance : « cette diminution physiologique du désir chez la femme est naturelle quand elle devient mère, son nouveau rôle l’incite à organiser sa vie autrement, en laissant peu de place à l’imprévu et aux fantasmes. » Soit, mais comment fait-on pour retrouver sa libido ?

Comment « soigner » la frigidité ?

Pas d’inquiétude. « Les hommes sont tout à fait capables de remettre en route la machine », nous confie le Dr Buvat. Le premier conseil pour éviter le cercle vicieux qui mène du stress à la phobie puis à l’abstinence, c’est de communiquer avec son partenaire, et lui faire comprendre qu’on a parfois besoin de câlins sans arrière-pensée sexuelle, de tendresse, de massages érotiques sans sexe pour que cette fameuse « libido » se réveille tout doucement. Mais si le blocage est plus profond, ne tardez pas à prendre rendez-vous avec un sexologue, qui cherchera son origine : il y a certes de nombreux facteurs psychologiques possibles (problèmes de couple, traumatisme, grossesse), mais également des motifs biologiques comme la ménopause (la baisse du taux d’œstrogène entraîne une diminution de la lubrification et de la muqueuse, et  les rapports peuvent devenir douloureux), des troubles hormonaux ou même un traitement médicamenteux.

Pour vous « soigner », ne vous fiez pas aux aphrodisiaques ou aux recettes de grand-mère, vous perdrez votre temps. Le sur-mesure et un suivi médical sont de rigueur même en matière de petits problèmes sexuels. Patchs de testostérone, médicaments stimulants, techniques de relaxation, sophrologie, etc. On n’a certes pas encore inventé le Viagra féminin, mais des traitements efficaces existent pour retrouver votre appétit sexuel, il vous suffit de retrouver l’envie d’avoir envie...