Le sexe préhistorique était-il meilleur ?

Publié le Mercredi 28 Août 2013
Le sexe préhistorique était-il meilleur ?
Le sexe préhistorique était-il meilleur ?
L'agriculture peut-elle être la pire ennemie de la sexualité féminine ? C'est la thèse défendue par Christopher Ryan et Cacilda Jetha, auteurs outre-Atlantique du livre à succès « Sex at Dawn » (la sexualité à l'aube).
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Pendant plusieurs millions d'années il semblerait que la vie en hordes était globalement favorable aux femmes, la répartition du travail chez les chasseurs-cueilleurs étant à peu près égalitaire, qu'il s'agisse de trouver de la nourriture, de défendre le groupe ou de s'occuper des enfants (il est vraisemblable que la paternité était partagée, les femmes ayant plusieurs partenaires). Les raisons n'étaient pas particulièrement nobles, mais simplement essentielles à la survie du groupe : « le partage institutionnalisé des ressources et de la sexualité minimisait les risques, assurait que la nourriture ne sera pas gaspillée dans un monde sans réfrigération, éliminait le risque d'infertilité masculine, améliorait la santé génétique des individus et assurait aux enfants comme aux adultes un environnement social plus sûr ».

Il y a environ 12 000 ans (une goutte d'eau dans l'existence de l'humanité), l'invention de l'agriculture – qui paradoxalement est le fait des femmes - a entraîné une dissymétrie radicale entre les deux sexes. Outre le fait qu'elle a provoqué un déséquilibre alimentaire (la nourriture est devenue moins variée, moins riche et a entraîné une réduction significative de la taille des humains, au point que le biologiste américain Jared Diamond parle « de la plus grande erreur dans l'histoire de l'humanité ») les populations, ont cessé d'être nomades. Ce faisant, en se fixant sur les terres labourées, est née l'idée de la propriété.

La naissance de la propriété a enclenché toute une série de changements qui ont bouleversé les naturels équilibres précédemment en place. Accéder à la propriété signifiait aussi avoir un capital. Posséder un lopin de terre impliquait la naissance d'un autre rapport au pouvoir par la nécessité de défendre son territoire (d'où est venu le goût de la guerre et le besoin de chefs puissants). L'organisation de la sphère sociale s'est modifiée (on quittait alors la notion de partage pour celle d'une cohabitation plus ou moins harmonieuse). Enfin, tous les efforts ne pouvant être vains, naissait aussi le besoin de léguer ses biens à sa descendance. Ainsi, la sexualité est passée de plaisirs libres et variés à un mode répressif, uniquement axé sur la reproduction, la question de la paternité se plaçant dorénavant au centre des préoccupations ; car pour léguer à sa descendance, il fallait être sûr que la progéniture était sienne.

Or, l'unique moyen pour en avoir la certitude était d'empêcher les femmes d'avoir plusieurs partenaires. C'est ainsi que fut inventée la monogamie, et d'une certaine façon l'annexion de la femme et du territoire.

Si les auteurs du livre ne prêchent aucunement d'utopiques retours à l'âge préhistorique, ni la mise au ban du mariage, ils estiment nécessaire qu'une mise en perspective (pré-)historique soit offerte à tous, afin de mieux juger les changements de comportements sexuels ces dernières décennies, et pourquoi pas, de mieux comprendre les raisons de la complexité des rapports hommes-femmes, qui oscillent sans cesse entre sommets et abîmes.

Mieux voir en prenant de la hauteur, en somme…

À une époque où les femmes sont économiquement indépendantes et peuvent accéder seules à la propriété comme à la maternité, il n'est pas infondé d'ouvrir un débat.