#HackAnHairDryer : une campagne sexiste d'IBM se prend un retour de bâton

Publié le Jeudi 10 Décembre 2015
Jack Parker
Par Jack Parker Rédadtrice
#HackAnHairDryer : une campagne sexiste d'IBM se prend un retour de bâton
#HackAnHairDryer : une campagne sexiste d'IBM se prend un retour de bâton
En voulant offrir une meilleure visibilité aux femmes dans le secteur de la technologie, la marque IBM a commis une boulette qui a fait réagir pas mal de femmes concernées.
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De plus en plus d'organismes militent pour que les femmes investissent les milieux scentifiques et que celles qui s'y trouvent déjà soient plus (et mieux) représentées. Le dernier géant en date à s'essayer à l'exercice, c'est IBM, dont l'intention louable a été vivement critiquée à cause de l'angle choisi pour leur campagne.

Dans l'idée, tout est bon : il s'agissait de changer l'image des métiers des sciences et de la technologie pour attirer plus de femmes mais aussi de mettre en valeur les ingénieures qui oeuvrent déjà pour l'avenir de l'humanité. Le but de la campagne était de proposer un défi aux femmes dotées de la fibre scientifique en leur faisant détourner un objet du quotidien pour lui donner une nouvelle fonction. Malheureusement, IBM s'est salement planté en proposant de hacker... un sèche-cheveux.

Leur campagne #HackAHairdryer a été lancée en octobre dernier mais elle est passée inaperçue jusqu'à ce que le mouvement soit relancé via un tweet et un statut Facebook (depuis tous deux supprimés) le 4 décembre dernier. Cette opération a attiré l'oeil de beaucoup de femmes scientifiques et ingénieures qui ont très mal pris le fait d'être réduites sans cesse à des symboles de futilité et de féminité dépassés. Et elles n'ont pas hésité à faire part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux.

"Je laisse la réparation des sèche-cheveux aux hommes, je suis trop occupée à créer des nanotechnologies et à traiter le cancer."

"C'est gentil IBM, mais je suis trop occupée à construire des satellites. Mais bonne chance avec cette histoire de #HackUnSèche-Cheveux."

"Personne ne demande aux hommes de détourner des tondeuses à barbe."

Et c'est bien ce dernier tweet qui souligne le problème de cette opération : si le but est de normaliser la présence des femmes dans le milieu des sciences et de la technologie, ce n'est pas en les rappelant sans cesse à leur "condition" qu'on va y arriver. Utiliser un sèche-cheveux pour inciter les femmes à s'intéresser à ce milieu, c'est partir du principe qu'elles sont d'abord intéressées par des questions jugées plus futiles et qu'il faut les prendre par la main et les infantiliser un peu pour les motiver à s'intéresser à des domaines plus techniques.

Il y a aussi la question du timing. En effet, la relance de cette campagne coïncidait bien malheureusement avec un sinistre anniversaire : celle du massacre du 6 décembre 1989, lors duquel un homme a ouvert le feu sur des aspirants ingénieurs à Montréal, tuant 14 femmes après avoir crié "Vous êtes toutes des féministes et je hais les féministes !".

Alors lancer une campagne qui ne fait que rappeler, plus de 25 ans après, que les femmes ne sont toujours pas l'égale de l'homme dans le milieu de l'ingénierie, c'est une sacrée preuve de mauvais goût et d'une absence totale de réflexion.

Face aux réactions négatives, IBM a cependant eu la décence de s'excuser sans chercher à justifier son erreur, comme le prouve cette citation issue d'un mail envoyé au site Mic :

"La campagne a raté sa cible et nous nous en excusons. Elle a été annulée."

En espérant que la prochaine tentative, de leur part ou de la part de tout autre organisme, prenne toute cette histoire en compte et tente une approche un peu plus intelligente.