Ce calendrier "fat positive" célèbre la beauté des corps gros tout au long de l'année

Publié le Vendredi 18 Décembre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Un calendrier fat-positif pour célébrer les personnes grosses
Un calendrier fat-positif pour célébrer les personnes grosses
Le très réussi calendrier de "The Fat Zine", réalisé par Chloe Sheppard et Gina Tonic, incarne une véritable ode aux corps gros "tout au long de l'année", et tacle par la même occasion la façon dont la body positivité a été récupérée et dénaturée à des fins marketing.
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"Les calendriers sont traditionnellement remplis d'images auxquelles on peut aspirer - de Man United à Girls Aloud, en passant par les pin-ups sur les portes de garage des années 50", décrit aux journalistes de Dazed Beauty l'autrice Gina Tonic, cofondatrice de The Fat Zine, un magazine qui explore notamment les nuances de ce que signifie être une personne grosse en 2020, et qui a été conçu "par des personnes grosses pour des personnes grosses et pour tous ceux qui s'en soucient", précise le site.

Le calendrier élaboré par leurs mains et esprits créatifs entre forcément lui aussi dans cette perspective nécessaire. "Il se réapproprie cet espace pour inspirer aux personnes de grande taille une confiance en soi tout au long de l'année", poursuit Gina Tonic. Mais ce n'est pas tout. Ce projet participatif révèle par la même occasion les visages de l'équipe derrière le zine.

"Nous avons demandé aux anciens collaborateurs du premier numéro ainsi qu'aux créatifs que nous n'avions jamais présentés auparavant de nous soumettre une image et une description des raisons pour lesquelles ils aiment (ou détestent !) le mois qui leur a été attribué". Et le résultat est épatant.

"Un espace où les gros peuvent être ce qu'ils veulent"

En avril, pour Pâques, on voit par exemple une jeune femme nue avec des oreilles de lapin (clin d'oeil aux bunnies de Playboy) poser un panier dans la main, son bras ganté de tulle à plumetis recouvrant ses seins. Une autre, entièrement vêtue de noir à l'occasion d'Halloween et du mois d'octobre, fixe l'objectif en caressant un couteau ensanglanté. Sur la page de décembre, Gina Tonic s'est elle-même prise au jeu en enfilant une mini-robe en lurex rouge et bordure en fausse fourrure blanche pour célébrer Noël - et son propre corps.

Des clichés sublimes, dont chaque détail a été soigneusement travaillé, mais qui, malgré l'ampleur du mouvement "body positive" aujourd'hui, restent encore beaucoup trop rares dans le paysage médiatique.

A ce sujet, la cofondatrice Chloe Sheppard épingle celles et ceux qui surfent sur une vague à l'origine émancipatrice devenue marketing. "Ça devient assez fatigant de voir des personnes qui font du 42 se pencher pour faire apparaître des bourrelets, puis l'afficher sur les réseaux sociaux où elles seront célébrées pour leur 'authenticité'", lâche-t-elle. "Faire ce zine qui dénonce ce genre de choses, et qui est un espace où les gros peuvent vraiment être ce qu'ils veulent être, m'a paru important, tout comme essayer de faire écho à ce qui a enclenché le mouvement de libération des personnes grosses".

Au-delà d'accrocher ce calendrier dans notre bureau, cuisine, salon - ou de l'admirer sur les réseaux sociaux, on fonce aussi lire les contenus riches, pertinents, émouvants, réjouissants, bouleversants que signe The Fat Zine. Et on partage aussi le plus possible, pour que ces images d'exception n'en restent pas une.